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La soif primordiale de Pablo de Santis

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Une actualité de Marilyn A.
Publié le 30/08/2013

La littérature, dans ce qu'elle a de plus variée, offre aux lecteurs divers sentiments certes, mais surtout de nombreux genres. Chacun sait qu'on ne lit pas un essai comme un roman, bien évidemment, mais cela est vrai aussi à l'intérieur même de cette dernière catégorie ; un classique ne s'ouvre pas avec le même désir, le même empressement, que la littérature contemporaine. Se décider à lire La soif primordiale c'est accepter de ne pas savoir où on met les pieds - ou plutôt, où l'on pose son regard - et avoir des difficultés à le reposer. Le style est enchanteur, voire envoutant, mais la trame cachée. L'auteur ne nous montre que ce qu'il veut dévoiler au moment où il l'a choisi.

Santiago n'était pas prédestiné à devenir réparateur de machines à écrire, inventeur de grilles de mots croisés, rédacteur de la chronique ésotérique du journal Últimas Noticias ou antiquaire. Le jeune homme a simplement suivi une route semée d'embûches qui l'a mené vers un destin dont il ne soupçonnait pas l'existence, mais il aura l'éternité pour découvrir de quoi il retourne.

Une petite précision pour les sceptiques : il ne s'agit pas là d'un énième roman sur les vampires (il ne vous aura certainement pas échappé que ce thème, plus que récurrent, vienne remplir et fasse déborder nos étagères, surtout dans le domaine de la littérature adolescente) car la subtilité avec laquelle Pablo de Santis manie le mythe tient du talent et non de l'envie de faire de la redite. Nul doute, il faut parvenir à aller au-delà des apparences et dénicher les métaphores, mais aussi se laisser transporter par la narration. Là où certains ne pourraient voir qu'une aventure, d'autres se poseraient de douloureuses questions sur le temps qui passe. L'âge où l'on se sent invincible est trop vite derrière nous et les responsabilités évidentes qui nous incombent trop soudaines.

Notre mystique héros se laissera tenter par l'addiction la plus vile qu'il existe pour son espèce et répondra à La soif primordiale. Ce besoin de s'abreuver sans modération le mènera sur une pente vertigineuse et seul un vulgaire placebo pourra le sauver. Vivre toute sa vie (et que la sienne peut être longue !) avec un traitement, dont il ne connaît pas le secret et qui dépend de la bonne volonté d'un prêtre, ou mourir. Et que se passera-t-il lorsque la source se sera tarie ? Surveillez bien les gros titres alors car il n'est pas impossible qu'une monstre est refait surface.

Dans Le calligraphe de Voltaire, Pablo de Santis écrivait : "Les livres n'ont jamais sauvé personne" et c'est au son des touches d'une vieille machine à écrire, frappées par un Santiago au futur incertain, qu'il nous livre sa dernière invention publiée aux éditions Métailié. Cette histoire n'apporte certes pas la rédemption, mais elle a le mérite de nous passionner et de nous faire découvrir un Buenos Aires obscur, peuplé de sombres rues pavées dans lesquelles résonnent un bruit de pas inquiétant et une étrange librairie d'occasion (nommée judicieusement La Forteresse) où des ouvrages plus poussiéreux les uns que les autres renferment des trésors.

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