Chargement...
Chargement...


le book, coco

1967_le-book-coco
Une actualité de David V.
Publié le 21/09/2013

Un coco de génieCette façon de citer Borges à tout propos est parfois un rien amusante : le pauvre argentin francophile donne parfois l'impression d'avoir inventé la littérature du XX° siècle à lui tout seul et représente une sacrée caution pour les éditeurs en mal de références chic pour leur quatrième de couverture... Voilà qui est un peu méchant pour commencer à évoquer un charmant petit livre redécouvert par Tristram, un peu méchant mais si Un coco de génie, qui ressort aujourd'hui orné d'une magnifique couverture comme savent les faire ces brillants éditeurs, est réjouissant, on a du mal à y voir autre chose qu'un divertissement très réussi et pas "une vertigineuse réflexion sur le génie littéraire" anticipée avec vingt ans d'avance... Louis Dumur n'a pas écrit Le Quichotte, c'est certain, mais une comédie de province comme on savait en trousser au début du XX° siècle, moqueuse et capable de mener une idée amusante jusqu'à son extrémité. C'est François Caradec qui évoquait volontiers ce roman, regrettant qu'aucun lecteur avisé ne s'en empare (et on peut vous assurer qu'il est introuvable chez les bouquinistes pour l'avoir traqué pendant des années...). Un an après sa mort, son voeu est exaucé (mais quel dommage de ne pas l'avoir signalé sur la couverture où le nom de Jean-Jacques Lefrère qui a tendu l'oreille aux propos de Caradec est bien présent...). Alors quid de ce coco-là ? L'action se déroule dans la Nièvre, pays tranquille où notre héros, Loiseau un peu moqueur,  débarque pour goûter aux joies simples de la vie de province. Admis dans un petit cercle où l'on se pique de faire de la musique et d'écouter des vers, il entend avec stupéfaction le fils d'un commerçant local déclamer des phrases sublimes. Charles Loridaine n'est pas de ces érudits reculés sur lequels on tombe par hasard, et Frédéric Loiseau le comprend vite. Il brûle de découvrir comment ce petit homme falot récite, sans une once de malice et sans même se livrer à une vulgaire supercherie, devant un parterre conquis mais incapable de mesurer la beauté de ce qu'il entend :  du... Victor Hugo, du Lamartine, du Shakespeare qu'il croit sincèrement avoir inventé au réveil de nuits inspiratrices. La révélation de l'histoire, improbable et nocturne quoique franchement amusante, tordra le cou aux supputations du narrateur et emportera l'adhésion de ceux qui aiment rire. De là à parler de Borges, on aura compris qu'on n'est pas convaincu. Mais pourquoi se priver de deux heures délicieuses, sans références littéraires ?

Bibliographie

Abonnement

Derniers articles du blog "Ces mots-là, c'est Mollat" envoyés chaque semaine par mail