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Le chapeau de Tonton

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Une actualité de David V.
Publié le 29/05/2013

Il est des couvre-chef qui marquent l'histoire, il en est qui marquent l'actualité, il en est enfin qui impressionnent les jeunes écrivains. Antoine Laurain est sans doute de ceux-là puisque ce quarantenaire déjà auteur de trois romans débarque en janvier chez Flammarion, édité par la fine Minh Tran-Huy dont on apprécie les oeuvres, avec un roman à chapeau et à étages. En scène le fameux galurin du plus coiffé des présidents de la V° République, ce chapeau à large bord qui protégeait si bien de la pluie l'hôte de l'Elysée qui ne craignait pourtant pas les averses et les trombes d'eau. C'est lui le protagoniste de cette histoire qui ressemble à une ronde schnitzlérienne car l'objet de toutes nos attentions, oublié un soir dans une brasserie, puis récupéré par un quidam va passer, au gré des absences ou des distractions de ses nouveaux propriétaires, d'une tête à l'autre et modifier durablement les existences. Car sait-on assez que le chapeau fait le style et que le style fait l'homme, le destin venant ensuite ? Pour l'un c'est du courage que va diffuser le feutre sacré, pour une autre la noblesse va nimber son visage, pour un troisième c'est carrément un virage idéologique qui s'amorce. Habités par ce fragment de paradis offert par le hasard, ces héros inattendus vont devenir des personnages de roman, quittant leur maigre statut de figurant pour un premier rôle. Mais parce que Laurain est malicieux, il ne réserve à aucun la destinée d'être le seul habitant d'un récit. A peine installé dans l'histoire d'un élu qu'un coup du sort nous le fait quitter avec la crainte frustrante de ne plus jamais le revoir. Rythmé par  ces aléas, le roman déroule ses petites musiques tandis qu'au loin tambourinent les royales notes du premier des Français que l'on ne perd jamais de vue, d'autant qu'on l'imagine tête nue, ce qui est fort cruel. Pour finir, malgré tout,  l'auteur s'offre un de ces épilogues dont les films ont plutôt le secret, ces raccourcis qui nous racontent en quelques lignes les trajectoires des héros. Sans oublier bien sûr Tonton, flingué à la dernière ligne, mais là c'est déjà la grande Histoire qui prend le relais.

Avec ce rapide roman, enlevé quoique sans style particulier, l'auteur nous offre une comédie parfaite pour entamer une année qui nous demandera sans doute de sortir couverts. Le Chapeau de Mitterrand (notez la majuscule à chapeau) ferait un bon candidat pour le prix Lavinal organisé par la librairie Mollat chaque année, qu'on se le dise...

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