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Le lion de Rolin

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013

Chasseur de lionsOn connaissait le tigre d'Olivier Rolin, il va falloir s'habituer à son lion, celui qui orne la couverture de son prochain livre et qui impressionne volontiers tout ce qu'il y a de pusillanime en nous. Le fauve, on le préfère en descente de lit. Eh bien c'est justement d'une fameuse descente dont va nous parler Rolin. Comme lui seul quasiment parmi les auteurs français parvient à le faire, il nous accroche dans les rêts d'histoires, d'anecdotes, de souvenirs entremêlés autour d'un thème principal qu'il ramifie sans jamais être ennuyeux. Le point de départ de cette rêverie érudite et voyageuse est le tableau peu connu (on le trouve au Brésil) de Manet, Un Chasseur de lions, étrange vision pour ce que l'on croit savoir d'un impressionniste aussi révolutionnaire d'un moustachu à rouflaquettes posant devant la peau du grand fauve vaincu...Ce fier-à-bras, il s'agit de Pertuiset, ami du peintre qui laissa le vague souvenir du parcours d'aventurier et de salonnard, se faisant une mince gloire du récit exagéré de ses hauts faits d'arme et qui conquit le titre envié de "chasseur de lion" après d'éreintantes (mais hilarantes sous la plume de Rolin) nuits de veille à guetter un animal qui se refusait à la lunette de son fusil. Vous l'aurez compris, on ne raconte pas un livre d'Olivier Rolin, il sait bien que la littérature n'a pas besoin de la fiction pour se déployer : prince de la digression, du détour, de l'à-côté, il nous fait le complice de sa quête et de ses interrogations. Pourquoi Manet, ce révolutionnaire dans l'âme, fréquentait-il ce gaillard, menteur et souvent ridicule ? Qu'entrevoyait-il qui le rassurait ? Pourquoi ce type si droit, si fervent dans sa volonté de transgresser les canons d'un art bourgeois courut-il derrière les honneurs à un âge où il pouvait s'en passer ? Pourquoi surtout s'intéresser avec Rolin à ces deux figures si opposées, chacun dans une forme de représentation ? C'est tout l'enjeu de ce livre que l'on peut véritablement qualifié d'enchanteur (l'attraction éprouvée par ceux qui, parmi nous, ont eu la chance de le lire le prouverait facilement). Car l'auteur nous livre beaucoup de lui-même, de ses errances, de ses rencontres (sa façon de parler des femmes, de les aimer...), de ses colères. Et s'il nous transporte dans un Paris enfoui dont il ne reste plus que d'infimes traces qu'il va chercher dans des arrière-cours, c'est pour mieux nous rendre visible cette époque où les révolutions semblaient encore possible, où des terres restaient encore vierges de cette civilisation tellement barbare qu'on envoyait des tueurs pour les explorer.

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