Depuis quelque temps, nombreux sont les polars français qui se passent en pleine nature, que ce soit la campagne profonde (les Cévennes dans Grossir le ciel et la Corrèze dans Plateau de Franck Bouysse, une de nos dernières belles révélations ; la Nièvre au pied du Morvan dans Rural noir de Benoït Minville) ou les grands espaces inexplorés (la Patagonie dans l'excellent Il reste la poussière, de Sandrine Collette). Cette tendance au "nature writing français" (expression utilisée par Sandrine Collette dans la vidéo présentant son dernier roman) est au cœur d'un autre premier roman réussi.
Si dans Dedans ce sont des loups, Stéphane Jolibert a sciemment omis toute référence à un lieu précis ou une date, comme ensevelis par le froid et la neige qui recouvrent les paysages, le lecteur se retrouve plongé avec d'autant plus de force dans ce "no man's land immaculé" qui se situe quelque part dans le Nord, loin de toute civilisation... voire de toute humanité.
Un loup revenait. Quoi que l'on fasse, quels que soient les agissements des hommes, leur implacable bêtise à vouloir toujours tout s'approprier, tout détruire, la nature tôt ou tard reprend le dessus [...] une meute ressuscitait. Avec elle, si les hommes ne s'en mêlaient pas, reviendrait l'équilibre naturel perdu depuis longtemps.