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Le théorème de Fatou

Fatou Diome Les chanceux qui ont eu la veine (ou les veinards qui ont eu la chance) d'assister à la conférence de Fatou Diome se rappelleront sûrement longtemps de sa prestation. La rayonnante romancière sénégalaise se lève, rit, déclame des poèmes. Quand la modératrice lui demande de lire les premières pages de Celles qui attendent, son dernier roman, elle part dans un exercice à la Fabrice Luchini, sublime association d'improvisation exaltée et de délicieuse inspiration. On imagine alors aisément la performance des griots, sacs à parole dépositaires de la tradition orale. Fatou Diome écrit ce qu'elle vit et vit ce qu'elle écrit. Elle se qualifie de "guerrière impuissante", mais c'est bien une femme puissante qui nous fait la démonstration de sa grande force de caractère. Elle prône la dignité, la fierté, la noblesse dans le comportement de tous les jours, c'est pourquoi elle s'est toujours mise en porte-à-faux sur les épineuses questions de polygamie et de droit des femmes.

"Fatou ne s'intègre pas, elle aspire." Ce n'est pas un théorème que l'on enseigne en cours, mais un précepte de vie que s'est fixé Fatou Diome et qu'elle voudrait voir généralisé. Elle se nourrit de sa double identité sénégalo-française, sans renier sa culture d'origine ni refuser de s'adapter à la culture qui la reçoit. "Plus ! Plus ! Plus !" Le propos est martelé avec conviction, ponctué par de petits sourires comme autant de victoires sur une vie qui n'a pas toujours été tendre avec elle. Il serait donc vraiment dommage de se priver de son regard mixte, de ses petites révoltes intérieures et de ses espoirs qui dépassent de très loin les frontières des continents, dans une région proche du respect et du coeur.

 

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