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Les hommes morts

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Une actualité de Marie-Aurélie
Publié le 19/03/2016

Les Dead Boys de Richard Lange, ce sont les rejetons désabusés de l'Amérique, des hommes qui n'ont plus foi qu'en la bière à leur main, ou en l'automatique dont ils usent de temps à autre. Mais généralement même le "six coups" est vide, et le frigo aussi, de sorte que les mots qu'ils délivrent semblent seuls être là, apaisant la faim et la rage qui brûlent en eux. Et certes, quel flamboiement alors dans le style de ces douze nouvelles où l'on perçoit si bien la détresse des personnages dont l'auteur a fait ses héros. Quelle pertinence aussi de choisir comme terrain de leur survie, cette ville, Los Angeles, et la colline d'Hollywood à l'horizon, toujours. Car les stars des écrans deviennent, en contraste avec ces hommes, de bien pâles figures. Pas de théâtre ici, d'imitation ou de jeu d'acteur, mais la réalité toute nue qu'est la recherche quotidienne de l'argent, du travail, l'inquiétude de garder sa femme, de nourrir ses enfants, la possibilité de sourire quelquefois, l'objectif de partir ou de pouvoir seulement rester, mais celui de vivre, finalement juste celui-là.

Non, le rêve américain ne fait pas l'objet de ce livre, ou alors il le taille en morceaux. Reste la fascination constante du lecteur devant le rythme, le cynisme, la crudité du langage de ces hommes, son rattachement immédiat à leur route (vers où donc ?), ce même espoir infime fiévreusement partagé, ou cet accompagnement total dans l'assurance de la défaite.

Avec ce livre qui est assurément une grande réussite, Richard Lange prouve décidément qu'il a sa place aux côtés de Raymond Carver et de Jack Kerouac. Qu'on se le dise et qu'on le lise dès à présent !

Camille

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