Chargement...
Chargement...


Lettre aux pères

10583_lettre-aux-peres
Une actualité de Emilie D.
Publié le 17/03/2014

Voilà que vient de paraître dans la très belle collection "L'un et l'autre" un récit signé Jean-Michel Delacomptée dont la teneur est cette fois bien plus personnelle que les précédents textes qu'il avait publiés dans la collection (à lire, pour ne citer que les plus récents, La Grandeur : Saint Simon et Langue morte : Bossuet.)

Le titre de ce récit Écrire pour quelqu'un, se lit comme un double hommage. Hommage à son père d'abord, un homme de constitution fragile, très myope, albinos, représentant en maison d'éditions passionné par son métier la semaine, et militant communiste faisant du porte à porte pour vendre l'Humanité et Pif Gadget le dimanche. A travers ce portrait, l'auteur évoque ses souvenirs d'enfance et nous immerge dans la proche banlieue parisienne de la fin des années 50, ses voisins, l'école, le quartier, avec une rare puissance d'évocation. Il revient aussi sur la relation si particulière qui les liait, lui et son père, une relation fondée notamment sur leur passion commune pour la littérature - entre les livres conseillés et ceux que Jean-Michel enfant subtilisait parmi les services de presse que recevait son père, pour les lire d'abord, et pour les revendre ensuite à des libraires de la place Saint Michel.

L'autre hommage est adressé à l'écrivain éditeur et psychanalyste qu'était Jean-Bertrand Pontalis, un père spirituel pour Jean-Michel Delacomptée, un pair aussi. L'auteur revient sur le parcourt si riche de cet intellectuel, leur collaboration -rappelons que la collection l'Un et l'autre a été crée par Pontalis justement- et restitue avec pudeur et justesse ce qu'on pu être ses derniers instants. Ultime révérence à Pontalis, Delacomptée a choisi de faire paraître son récit le jour anniversaire du psychanalyste, qui est aussi le jour de sa mort.

Livre hommage, plongée dans des souvenirs d'enfance, réflexion autour de la littérature et autour de l'oeuvre de Proust en l'occurrence, Écrire pour quelqu'un possède bien des niveaux de lecture. Jean-Michel Delacomptée maîtrise l'art de la digression avec merveille et déroule le fil de ses pensées avec une intelligence telle qu'il nous rend curieux de tout. Sans nostalgie aucune -l'auteur précise que sa foi d'alors en l'avenir était si forte qu'il ne peut désormais éprouver un quelconque regret-, Ecrire pour quelqu'un est un récit incroyablement personnel d'une rare portée universelle.

Bibliographie

Abonnement

Derniers articles du blog "Ces mots-là, c'est Mollat" envoyés chaque semaine par mail