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M.Pons et Mademoiselle

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Une actualité de David V.
Publié le 18/10/2014

maurice ponsqu'on appelle une très bonne nouvelle : nous allons pouvoir faire quelques conversions et gagner à cet auteur méconnu de nouveaux lecteurs que l'on dirigera ensuite vers Les Saisons (Bourgois) un livre qui a la particularité d'être toujours en pile à la librairie. Si l'on vous dit que c'est Hippolyte Girardot qui en signe la préface, soupirerez-vous vous aussi ? L'honnête acteur s'y plaint notamment de la méconnaissance dont souffre le peintre Paul Klee (dont on doit, il est vrai, assez peu parler sur les plateaux de tournage des téléfilms de France Télévision) et remercie M.Pons de s'en soucier. Bref, enjambez la préface (on espère qu'elle n'a pas coûté trop cher à l'éditeur), et commencez cet étrange roman qui fait semblant d'être autobiographique en mêlant le vrai et le faux pour mieux nous convaincre que la littérature n'est jamais aussi intéressante que lorsqu'elle dissout les frontières entre le réel et l'irréel. Qui est cette Mademoiselle B. qui ensorcelle l'auteur prétendument en mal d'inspiration ("elle habite ses nuits" écrit-il) et le pousse à mener l'enquête dans son village pour démêler les fils de la vérité et du fantasme bien emmêlés. On dit qu'elle est sans âge, toute de blanc vêtue, qu'elle entraîne les hommes imprudents dans sa demeure et qu'ils en perdent la raison puis la vie, une espèce de vouivre dont tous se méfient sans pour autant lui résister. Mais les forces de l'ordre et de la foi n'y peuvent rien et se tiennent cois, et Maurice Pons, le narrateur, qui ressemble beaucoup à ce que pouvait être Maurice Pons à l'époque, se réjouit de cette impuissance et du champ qu'elle lui laisse pour mener ses investigations. Il arpente ces territoires où la mort est à son aise, il contemple les cadavres mutilés et ne dissimule pas le plaisir pervers qu'il prend à rôder dans ces lieux contaminés par la folie tout en menant une vie plus ou moins tranquille de père circonstanciel, d'amant tempéré et de villageois à l'aise dans la petite commune qu'il dépeint avec tendresse mais sans naïveté. Le sortilège de Pons agit dans son incroyable habileté à jouer sur plusieurs tableaux avec la même langue, nous obligeant à le suivre dans sa quête dont on voudrait rire mais qui nous trouble. Magnétisés nous aussi par Mademoiselle B., nous nous repaissons de l'angoisse dont le livre est imprégné, mâtiné qu'elle est de drôlerie et d'une légèreté qui se dépose sur l'histoire dont elle est le centre obscur avant de nous saisir. Mademoiselle B. a donné lieu à un film de Bernard Queysanne, le réalisateur d'Un homme qui dort avec Georges Perec et on serait curieux de voir un jour de quelle manière il a traduit la mystérieuse alchimie de l'écriture Ponsienne.

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