« C’est vrai ce que m’a dit ton frère ? Que tu t’étais remise à écrire ? […] Ecoute, tu écris bien ce que tu veux, du moment que ça ne parle pas de moi. »
Oups…
Difficile de rester impassible face à cette femme à la retraite, célibataire, ne comptant qu’une amie et, de plus, gravement malade. Sa lutte contre le cancer et sa volonté de continuer à croire en de beaux lendemains sont courageux. Quand beaucoup se laissent aller à la solitude, à l’ennui, Charlène persévère.
En outre, des années de travail la précèdent ; pour gagner sa vie et élever ses enfants. Mais certains mots restent impardonnables et surtout inoubliables. Aussi courageuse soit-elle, son égocentrisme est un poids pour sa fille qui continue malgré tout à décrocher son téléphone.
« La psy de l’hôpital m’a dit que j’étais bipolaire légère à tendance borderline, comme si je ne savais pas. »
Vieillir, c’est un peu retomber en enfance. En revanche, un enfant a l’excuse de l’innocence tandis qu’un adulte – s’il n’est pas sénile bien entendu – devrait en toute circonstance avoir conscience du mal qu’il inflige.
Plusieurs phrases de ce roman sont chocs. Quelqu’un peut-il réellement prononcer ces paroles ? Et à sa propre fille ? Nous rions tout de même de ces énormités en se rassurant : ce n’est qu’un roman, une fiction… (vraiment ?)
« Valentine ! Pour la dernière fois, embrasse ta mamie et plus vite que ça. Valentine un, Valentine deux, Valentine… Si c’est comme ça, je te ramène chez tes parents illico, ils t’ont voulue, qu’ils te gardent. »
Celui qui a déjà rencontré ce type de personnage pourra témoigner de la véracité du discours. Oui, l’être humain est capable de proférer de telles infamies. Il est cependant rassurant de les voir écrites noir sur blanc, comme l’assurance que cela arrive bien à d’autre.
Alors, mieux vaut en rire.
« Si, si, ton frère est encore là. Il est venu avec la petite, elle est adorable, elle joue avec la chienne, on dirait deux sœurs. Comme c’est bien pour un chien d’avoir un enfant pour jouer, ça l’occupe. »
Après avoir enseigné les arts plastiques pendant plusieurs années,
Carole Fives se consacre à la littérature. Elle est auteur de romans, de nouvelles, de poésie et de littérature pour la jeunesse.
Une femme au téléphone est son quatrième roman.