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Manuscrit trouvé dans une poche

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Une actualité de Fleur Cattiaux
Publié le 21/09/2013

manuscrit.gif"J'ai écrit un bouquin qui n'est à louer, ni à blâmer. Qu'on n'ait pas la sottise de vouloir prouver que c'est un pot de merde, car je l'offre comme tel à tous les merdeux qui m'ont emmerdé. Et qu'on n'ait pas non plus l'intelligence de vouloir prouver que ma merde sent les roses." Telles sont les dernières lignes du Manuscrit trouvé dans une poche de Charles-Edouard - Eddy pour les intimes - du Perron (1), à ceci près que les lettres de chaque mot ont été remises dans l'ordre - on s'est dit que ça serait plus simple à comprendre... Qu'est-ce donc que cet ouvrage ultra fin (à peine une soixantaine de pages) paru aux éditions Cambourakis, sinon la réédition d'un livre pour le moins original publié de façon confidentielle en 1924 ? Intrigués par ce titre très potockien, nous avons jeté un coup d'oeil à l'ouvrage, qui se présente comme un manuscrit écrit par un certain Bodor Guila, aspirant poète ayant fréquenté la Bohême parisienne des années 1920 avant de sombrer dans la folie (cf. le certificat médical qui précède le texte). Faut-il voir un lien de cause à effet entre les fréquentations de cet être imaginaire et la détérioration de son état psychologique ? Cela va sans dire... C'est ainsi que le lecteur pénètre dans l'esprit dérangé de cet homme par le truchement des notes qu'il laisse derrière lui, un peu à la manière de Cadence de Stéphane Velut, et découvre sa production poétique telle qu'elle évolue au fil de ses rencontres avec notamment Blaise Cendrars et Guillaume Apollinaire. Ce Manuscrit trouvé dans une poche se présente alors comme un exercice stylistique bien connu - j'ai nommé le pastiche - tout juste quatre ans après la parution du Pastiches et mélanges de Proust.

C'est pour nous l'occasion de signaler quelques livres de pastiches contemporains, comme les excellents exercices que l'on doit à Pascal Fioretto (Et si c'était niais, et plus récemment, L'élégance du maigrichon), ou encore Les dessous de la littérature, de Christine Brusson, qui réunit une trentaine de pastiches un peu coquins.


(1) Inconnu au bataillon, il ne l'est pas tant que ça : d'une part, c'est à lui que Malraux a dédicacé La condition humaine, et de l'autre, il est l'auteur du Pays d'origine et de deux livres écrit en néerlandais et non encore traduits.

F.A.

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