C'est presque fortuitement, en parcourant bibliobs, le site très actif du Nouvel Observateur, que nous apprenons la disparition de
Mario Rigoni Stern, auteur italien découvert tardivement par les Français grâce à
Verdier et sa collection
Terra d'altri dirigé par le regretté Bernard Siméone. Publié pour la première fois en 1954 avec son
Sergent dans la neige, il fallut attendre plus d'un quart de siècle pour le découvrir de notre côté des Alpes car la tentative de Georges Piroué, en 1964, pour le faire connaître avec
La chasse aux coqs de bruyère, chez Denoël, resta sans suite. Son nom à consonance germanique nous rappelle qu'il est originaire de ce Nord de l'Italie longtemps resté sous le joug de l'Empire austro-hongrois ; né en 1921 en Vénétie, il fut embarqué dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale en tant que chasseur alpin, ce qui lui donnera l'argument de son roman le plus connu
Le sergent dans la neige (1954) devenu un classique du XX° siècle, histoire âpre et belle de soldats égarés dans la tourmente de la débâcle allemande après l'échec de la campagne de Russie. Ses années de guerre lui fourniront le motif de plusieurs livres, lui donnant l'occasion d'exercer son style fait de rudesse et de simplicité. Ayant vécu au contact de la nature et des animaux et dans une réelle complicité avec les éléments, son oeuvre est empreinte de ces "vraies richesses", celles qui survivent au passage des saisons et des idoles. C'est sans doute cela qui explique la véritable fidélité qui l'unit à ses lecteurs qui ont pu, grâce à l'obstination dévouée de ses éditeurs parmi lesquels
La fosse aux ours, petite maison lyonnaise qui permit l'éclosion de quelques magnifiques petits livres dont
Hommes, bois, abeilles,
Le Vin de la vie ou
En attendant l'aube. Avec lui, on retrouve cette musique, cette générosité jamais galvaudée ou artificielle qui nous permet de croire et d'espérer qu'il gardera, au-delà de la tristesse de sa disparition, des admirateurs. Et s'il fallait, au bout du compte, n'en conseiller qu'un, celui qui pourrait tenir lieu de porte d'entrée vers son pays rocailleux, nous sommes d'accord pour désigner
Histoire de Tönle, ode à la liberté de ceux qui n'ont rien et pourtant peuvent tout perdre, histoire d'un berger frontalier qui s'acharne à survivre et voit son territoire gagné par la folie meurtrière des hommes.
Voici une petite liste (bilingue) de ses oeuvres :
Histoire de Tönle (
Storia di Tönle) 1978
Le Sergent dans la neige (
Il sergente nella neve) 1954
La Dernière partie de cartes (
L’ultima partita a carte) 1956
La Chasse aux coqs de bruyère (
Il bosco degli urogalli) 1964
Retour sur le Don (
Ritorno sul Don) 1973
L'Année de la victoire (
L’anno della vittoria) 1985
Arbres en liberté (
Arboreto selvatico) 1991
Les Saisons de Giacomo (
Le stagioni di Giacomo) 1995
Sentiers sous la neige (
Sentieri sotto la neve) 1998
Le Livre des animaux (Il libro degli animali) 1990
Le Vin de la vie (Amore di confine) 1986
En attendant l'aube (Aspettando l'alba) 1994
Lointains hivers (
Inverni lontani) Mille et une nuits, 2000
Entre deux guerres (
Tra due guerre ed altre storie)
En guerre : Campagnes de France et d'Albanie, 1940-1941 (Quota Albania)
Hommes, bois et abeilles (
Uomini, boschi e api) 1980,