Michèle Desbordes a choisi de ne pas prolonger une agonie qu'elle savait terrible. Elle a fixé le jour de sa mort, a sollicité un
ami proche pour l'accompagner et s'est éteinte avec une dignité qui rappelait l'élégance de son écriture. Elle avait cependant pris soin de préparer la suite, mettant au propre des textes pour prolonger dans les livres une existence magnifiée par les mots. Dans
Les petites terres qui vient de sortir aux fidèles éditions
Verdier, elle nous propose l'évocation d'un amour révolu dont le souvenir est resté intense, elle dresse une manière de bilan d'une vie amoureuse. Habitée par une culpabilité taraudante, elle se souvient de cet ami, de vingt-cinq ans son aîné, qu'elle allait rejoindre et qui ne cessa pas, malgré la rupture, de l'aimer jusqu'à son dernier souffle. Partie vivre avec un autre amour, elle a abandonné ces "petites terres" dont elle évoque avec grâce toute la consistance, en écho à sa propre vie qui s'enfuit... Ce livre ne peut être vraiment lu dans l'ignorance du destin de cette femme courageuse qui ne cesse de susciter des émules. On notera qu'à Bordeaux est actuellement jouée une adaptation de
La robe bleue par Suzanne Robert au Petit Théâtre qui met en scène Camille Claudel attendant dans son asile psychiatrique la venue de son frère Paul.