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Noir Ailleurs

301_noir-ailleurs
Une actualité de Sylvie
Publié le 09/05/2013

Ailleurs Julia LeighOn confesse volontiers n'avoir pas gardé un net souvenir du premier livre de Julia Leigh paru chez Actes Sud il y a quelques années. Nous avons failli penser que le mince livre qui porte son nom à la rentrée était le premier. Et puis, le plaisir réel que nous a procuré son roman Ailleurs, à paraître chez Bourgois nous a poussé à chercher à en savoir plus. Australienne de Sydney, cette jeune femme née à l'aube des années 70, a fait des études de philosophie et de droit avant de se tourner vers le journalisme puis de devenir écrivain. Elle se fait très vite remarquer et passe désormais pour un des espoirs les plus sûrs de la jeune littérature australienne.

Par sa brièveté, ce roman pourrait facilement passer pour un conte tant il recèle de mystères - mystère du lieu, mystère de l'intrigue et mystère des personnages - mais jugez plutôt : une femme ( parfois nommée, parfois non) et deux enfants pénètrent dans le parc d'un château, presque par effraction. Ils y sont accueillis avec beaucoup de simplicité par une dame âgée qui leur fait une place, sans restriction. La vaste demeure est celle de l'aïeule, mère de cette femme revenue au bercail après des années d'éloignement. Y vivent aussi le frère et sa femme, Ida, la vieille domestique et un duo de jumelles dont nous ne connaîtrons jamais les prénoms. En cent pages effilées comme des lames va se nouer une double intrigue, tendue, qui confond drame intime de cette réfugiée qui a fui un mari violent et renoue avec une famille abandonnée et deuil terrible de la belle-soeur qui vient d'accoucher d'un enfant mort-né qu'elle ne veut plus quitter. Raconter ce livre puissant et sombre comme le lac qui baigne la grande demeure (labyrinthe entouré de grilles) et qui est le miroir de cette histoire serait une véritable erreur : ce serait trahir les nuances infimes qui font de ce livre troublant une grande réussite. Oppressés, magnétisés, nous l'avons lu avec cette intensité qui préside souvent à la lecture de Faulkner.