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O Révolution

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013
Lucile et Camille DesmoulinsLe genre du roman historique est à la fois plébiscité, par un public qui s'y réfugie volontiers quand le contemporain semble avoir perdu ses vertus, et passablement décrié par ceux qui y voient le refuge d'auteurs sans inspiration qui viendraient puiser là, comme dans un puits sans fond, des histoires arrachées à la grande Histoire. Difficile donc pour nous de faire le tri entre ce qui répond à une exigence littéraire et ce qui ressortit plus du divertissement et du spectaculaire, d'autant que les deux visées ne doivent pas être incompatibles. Alors, au milieu des épopées bibliques ou courtisanes, des chevauchées exotiques ou impériales, des aventures antiques ou trépidantes, il nous arrive de mettre la main sur un roman plus retenu, peut-être moins visible parmi les couvertures colorées piochées dans les catalogues des pinacothèques (où certains tableaux sont utilisés, réutilisés, "sur-utilisés"...).
Avec Christophe Bigot qui nous arrive muni des "recommandations" de la Blanche chez Gallimard, on pense bien tenir un des ces excellents livres, de haute tenue littéraire et passionnant : deux figures de la Révolution Française en sont les héros, Camille et Lucile Desmoulins, guillotinés sous le Terreur et encore trop mal connus sinon trop mal aimés. On a déjà dit sur ce blog tout le bien que l'on pensait du chef-d'oeuvre de Robert Margerit (La Révolution en 4 volumes chez Libretto), somme qui avait de quoi faire reculer les écrivains tentés de s'attaquer à cette période, et il est clair que la littérature sur ces années est curieusement faible quand elle regorge de "Napoléonades" en tous genres. Le jeune Bigot (né en 1976, nous dit-on) n'a pas eu de ces inquiétudes. Sous les auspices de l'Aragon de La Semaine Sainte qui revendiquait les "droits imprescriptibles de l'imagination" et réfutait d'avoir composé un roman historique (avec ce qui reste néanmoins un sommet du genre), sous la protection de Marc Bloch qui réclamait de "l'intelligence des âmes", il tisse avec L'Archange et le Procureur une fresque subtile sur ces réputations dont l'Histoire est affamée dès lors qu'il s'agit de clouer au pilori ceux que l'on ne veut plus entendre. L'habileté de C.Bigot est de nous présenter la vie des Desmoulins à partir de la vision qu'en aurait pu avoir leur fils qui ne les a pas connus et se consume de ne connaître d'eux que la vile caricature colportée par le réaction post-révolutionnaire. Celui-ci va sommer sa grand-mère, tant qu'il est temps, de lui raconter ces héros brûlés par leurs rêves fous, emportés par la folie de Robespierre, l'ami d'enfance. On ne lâche pas le roman qui ne tombe jamais dans le cliché ou le maniérisme, qui sait rester vif et poignant, et en libraire, parce qu'on ne se refait pas, on se réjouit de savoir que sur la table consacrée un excellent livre attend ses lecteurs .

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