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Oliver, David, Pip et les autres...

Certes, la France en a parlé, mais peu. Outre-Manche, cela semble une autre affaire, et comme ils ont raison, et que nous devrions le célébrer autant, cet auteur qui est le leur mais le nôtre car celui de tout le Monde.

Pensez-donc : deux cents ans en février (le 7) que Charles Dickens est ici avec nous, que mort c'est vrai il offre encore aujourd'hui ces milliers de pages à la lecture, qu'il nous fait rire et pleurer, jubiler, nous remplit, et jamais ne nous lasse de lui.

Les histoires de Dickens ont deux siècles, presque, et c'est magie de voir comme elles ne vieillissent pas, comme leur humour est sauf, leur cri actuel pour beaucoup. Recherche du bonheur et de l'amour, de l'accomplissement de soi, lutte acharnée contre les inégalités sociales, les abus de pouvoir : tels ont été les chevaux de bataille du grand homme, et on ne peut douter qu'il en aurait fait autant deux siècles plus tard.

Cependant, nous préférons de loin retrouver ces valeurs-là dans les décors qu'il a planté, cette Angleterre si victorienne, ce Londres grouillant et mal famé, ces campagnes embrumées, laborieuses, que traverse à pleine allure une diligence convoyant le héros de l'histoire.

Car les personnages, oui, ce sont eux qui font cette oeuvre si grande et riche. On en trouve de toutes les sortes, et des centaines. Les acteurs secondaires ne sont jamais à mettre de côté tant leur mauvaiseté, leur fourberie, leur bonté ou leur comique poussés à l'extrême les rendent si vivants. Les premiers rôles sont des mieux travaillés et des plus attachants.

A titre personnel je crois n'affectionner aucun écrivain autant que Charles Dickens. De bout en bout il me passionne : ses romans d'apprentissage (De grandes espérances, David Copperfield et consorts...) revêtent une telle précision dans l'écriture, la peinture sociale, une telle maitrise de l'intrigue que leur taille souvent effrayante n'est rien, que même le double de pages ne serait jamais trop. Ses contes de noël me sont, eux, des trésors que chaque année je revisite pour sentir la chaleur qu'ils dégagent, l'esprit de fête, l'odeur du feu et de la famille autour. Et que dire de Pickwick, des Temps Difficiles, de Martin Chuzzlewit etc.. sinon exprimer le regret de ne plus voir ces écrits tout aussi majeurs dans les rayons des librairies.

Consolons-nous : tout récemment, deux cadeaux nous ont été faits. Le premier est cette passionnante biographie de l'auteur par Jean-Pierre Ohl, un mordu lui-aussi. Riche, bien écrit et illusté, ce folio va devenir un must-have... Le second est une nouvelle édition de L'Embanchement de Mugby, un court texte, parmi mes préférés de Charles Dickens. Assez méconnu, il raconte avec tendresse et drôlerie l'histoire d'un énigmatique "Barbox Frères", descendant d'un train au beau milieu de la nuit, de sa rencontre avec Phoebé et de ce qu'il advint alors d'une vieille blessure non refermée. A deux euros, chez folio toujours, ce peut être aussi une bonne manière de découvrir l'auteur.

Oui, voilà : avec un earl grey, une couverture, un fauteuil ou un coin de cheminée, un carré de chocolat, découvrons-le, relisons-le, c'est ça. A deux cents ans Charles Dickens a toujours sa plume fraîche et malicieuse, et n'a certes pas fini de donner de la voix.

Fêtons-le donc comme il se doit!

 Camille Persais  

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