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Ombre de la mémoire

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Une actualité de Karine G.
Publié le 16/03/2016

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"La poésie est l'ombre de la mémoire

Mais elle sera matière de l'oubli"

            José Emilio Pacheco

 

 Cette superbe anthologie de la poésie hispano-américaine se savoure, se déguste, se grapille, au fil de 700 pages qui brassent ce continent de langue espagnole où se côtoient pas moins de soixante dix poètes originaires du Pérou, du Guatemala, de Colombie, Cuba, Mexique, Argentine, Uruguay, Venezuela, Paraguay, Equateur, Salvador, Bolivie, Nicaragua, Chili, Honduras - certains traduits ici pour la première fois en français. Merci aux éditions Gallimard de nous faire découvrir ces voix, et bravo aux traducteurs (ils sont nombreux) pour leur travail remarquable.

La préface de Philippe Ollé-Laprune éclaire les intentions d'une telle anthologie : "Malgré les tons particuliers et les indéniables variations dans les tonalités qui marquent les littératures nationales, il s'y déroule une avancée commune de la parole poétique. Contre la diversité que promet la géographie, il existe une cohérence que propose l'Histoire. Certes, le souffle de la poésie chilienne se reconnaît, ainsi que le déséquilibre dans la fureur péruvienne et l'étonnant calme mexicain. Et pourtant, il existe des correspondances, des similitudes, des chemins communs que parcourent des auteurs qui vont dans le même sens, avec un rythme particulier".

 Le découpage chronologique en quatre temps pose les jalons historiques de l'évolution poétique - ou, devrait-on dire, révolution ? - à partir de l'oeuvre fondatrice de Ruben Dario, précurseur qui, intégrant les apports européens, renouvelle le genre et le langage, fait exploser la tradition et entraîne dans son sillage d'autres poètes tentés par l'aventure. La génération poétique suivante dépasse les frontières de la langue et allie l'influence des poètes occidentaux d'avant-garde sans renier ses couleurs locales, à l'instar d'Asturias, Borges, Mistral, Neruda, Guillen, Gomez de la Serna, Vallejo... Après 1910, la maturité est là : l'héritage de la modernité est "digéré", et d'autres influences - américaines notamment, avec Whitman, Pound, Eliot - se font sentir chez Paz, Juarroz, Gerbasi,  Gaitan Duran, Davila Andrade, Moro, Cerruto...  Des années cinquante à nos jours, la période contemporaine draine des voix multiples et singulières, telles celles de Segovia, Lihn,  Cadenas, Gelman, Sosa, Deniz, Dalton, Pizarnik, Becerra, Montejo, Pacheco, Quessep, Kozer, Zurita, etc...

A défaut de trouver un billet d'avion à prix modique à destination de l'Amérique latine, investissez donc trente-cinq euros dans ce beau volume  et vous ferez un superbe voyage sans quitter votre fauteuil !

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