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Paresseux la sortie

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Une actualité de David V.
Publié le 21/11/2014

Jerome-k-jerome-mit-dog-smauthentiques. Comme le souligne le préfacier, la paresse dont il est ici question n'est pas punie par l'Eglise, il s'agirait plutôt de cette oisiveté que se permettent ceux qui n'ont pourtant pas les moyens de se l'offrir, ce luxe absolu qui combine nonchalance et curiosité. Cette position qui n'est pas toujours d'un grand confort permet néanmoins une heureuse hauteur de vue, un regard dépouillé sur cette vanité qui encombre tous les faits et gestes des humains dans leur ruche bourdonnante. Avec ce pas de côté, le paresseux scribouillard voit et s'amuse de biais, profitant des profils bien plus amusants que les faces, et se permettant de son petit Aventin bien tranquille, de regarder cette société qui écoeurerait vite si on ne la trouvait drôle. Et JKJ, à défaut de lui découvrir des vertus amusantes, nous en amuse énormément, trimballant sa mauvaise humeur horrifiée et s'arrêtant pour contempler l'homme en chapeau, la femme bien habillée, les insupportables bébés, les charmants animaux de compagnie, les amoureux transis, les ambitieux invétérés, les enfants agités et nous gratifier en doux misanthrope de réflexions et de scènes qui ont le mérite de repousser un instant les démons de la neurasthénie et les grouillants cafards afin de nous laisser rire. Car oui, on rit vraiment en lisant Jerome K.Jerome, on s'esclaffe devant son sens de la mise en scène, son art de pousser sur le devant un misérable qui pourrait bien nous ressembler et dont les avanies nous font goûter la joie d'en être épargné pour un moment. Comme tous les plus grands humoristes, c'est une évidence qu'on rappellera face au déferlement de gens qui arborent ce titre sans en avoir l'étoffe qui n'est pas de drap simple, il y a une dimension profondément obscure chez JKJ, une angoisse terrible, une vision (ne se voit-il pas entouré de fantômes ?) désespérante de cette humanité qui ne laisse rien espérer d'autre qu'un rire libérateur qui ne dure guère. Jerome K.Jerome nous reste infiniment contemporain grâce à cela, longtemps après que les chapeau melon ont disparu.

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