Chez Liana Levi, cette rentrée de janvier est belle et bien placée sous le signe de l'adolescence. Près de cinq ans après D'Acier, chef-d'oeuvre de Silvia Avalone qui narrait l'amitié fusionnelle entre deux jeune filles dans une cité ouvrière italienne, les deux romans qui paraissent aujourd'hui sous cet éditeur nous prouvent encore à quel point la jeunesse est, et sera toujours, une intarissable source d'inspiration littéraire.
On inventera bien quelque chose est le premier livre traduit en français de Giorgio Scianna. Nous voilà encore une fois plongés en Italie, à Milan cette fois-ci, où nous suivons Mirko et Tommaso, deux frères âgés respectivement de 11 et 17 ans, que la perte soudaine de leurs parents a évidemment ébranlés. Leur famille proche n'habitant qu'à une cinquantaine de kilomètres, il a été décidé que les garçons resteraient vivre dans l'appartement parental jusqu'à la fin de l'année scolaire. Le quotidien bien rôdé qui leur est imposé - l'école, les devoirs, les courses, les activités sportives - n'empêche pas leurs esprits de bouillonner et si le chagrin ne semble pas explicitement les affecter, les angoisses sont pourtant là : être reconnu et apprécié dans un établissement où le niveau social des élèves est largement supérieur au leur, se faire aimer aussi... Quand les camarades de Tommaso lui proposent une petite virée à 1500 euros pour assister à un match de foot à Madrid, notre héros est prêt à tout, quitte à se mettre en danger.
Roman d'apprentissage où la tension dramatique monte petit à petit, On inventera bien quelque chose nous livre un portrait sans concession de la jeunesse italienne contemporaine et saisit très justement les failles et les affres de l'adolescence.
C'est dans ce dédale de rues oppressant qu'évoluent nos trois héros. Bonnie, Alain et Adel fréquentent le même lycée et ont, chacun pour des raisons différentes, "décroché" du système scolaire et du système tout court. Comme un enchaînement de faits inévitables, l'idée de braquer le bar-tabac vient presque tout naturellement. Après le délit, qui ne tourne pas vraiment comme ils l'auraient espéré, vient la cavale. Le jeu tourne court pour Alain, rapidement interpellé par la police, quant à nos deux autres acolytes qui parviennent à fuir vers le bord de la mer, le rêve d'une autre vie s'avère finalement irréalisable.
L'issue sera fatale, immanquablement : Alain est emprisonné, et Adel disparaît. Quant à Bonnie, elle mène une vie trop bien rangée dans son petit pavillon. Leur place, ils ne la trouveront jamais.
Voici donc deux romans qui peuvent nous heurter ou nous bousculer, mais dont on sort immanquablement différent, que l'on soit adulte, adolescent, ou bien parent. Giorgio Scianna et Léa Arthemise font ainsi souffler un vent nouveau dans le paysage littéraire contemporain, et cela fait du bien !