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Petit éloge de Franz Bartelt

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Une actualité de David V.
Publié le 16/03/2016

Franz BarteltC'est avec un livre à deux euros que nous allons parler pour la première fois de Franz Bartelt, à peine plus donc que le prix d'un café pour un moment plus intense et plus goûteux que le meilleur arabica, de Franz Bartelt donc qui aurait depuis longtemps mérité que l'on se penchât sur son talent vaste comme la forêt des Ardennes mais qui, pour l'heure, avait échappé à notre prose envahissante. L'heure est venue de lui tailler un costume d'admiration et les costumes il s'y connaît comme on pourra en juger dans le roman éponyme où le tweed le plus raffiné se retrouve sur les épaules d'un homme éminemment alphabétique. En avions-nous parlé lorsque La belle maison et Les noeuds sortirent conjointement au Dilettante ? Pas si sûr et pourtant deux petits trésors que cet épisode de la vie de province au coeur d'un village beau comme un reportage de TF1 et cette confession coulante et croulante du dernier membre d'une dynastie de marchands de noeuds, deux romans brefs où son goût pour la connerie dans ce qu'elle a de plus romanesque trouvait deux terrains très propices. Etait-ce pour Pleut-il ? que nous inscrivîmes pour la première fois dans nos colonnes le nom de cet auteur atypique, cet almanach de réflexions mises en bouteille avec un entonnoir à merveilles qui quittait les rives du roman pour sonder les joies ineffables du mauvais temps, tester la meilleure heure de la journée ou s'engager dans une réflexion sur l'externalisation du poète. Non, le blog n'existait pas. Alors autant rayer Le bar des habitudes déjà trop ancien (mais sa sortie en folio aurait pu donner lieu à un compte-rendu). Non, décidément, nous n'avons pas parlé de Franz Bartelt et nous nous le reprochons. Alors commencer avec un livre à2 € pourra passer pour un pied de nez  quand on fait le décompte du nombre de livres de lui ornés d'un mot laudatif que l'on trouve sur nos tables. Modeste commencement, certes, presque homéopathique. Avec ce Petit éloge de la vie de tous les jours qui rejoint dans la collection folio une série où se sont illustrés Jean-Marie Laclavetine, Eric Fottorino, Caryl Ferey ou Stéphane Audeguy, il confirme une fois de plus non seulement le bien que l'on pense de lui mais encore le bien qu'il procure.  Avec lui les jours de grisaille deviennent des motifs de réjouissance, les jours de Toussaint des sujets de franche rigolade, les fautes d'orthographes des objets poétiques, le banal se teinte d'une patine extraordinaire, les Ardennes deviennent le paradis sur terre (et je promets que depuis que je lis Bartelt je me promets de revenir à Charleville-Mézières et alentour (Nouzonville notamment)), Reims y perd ses bulles, les valises engendrent la philosophie et on apprend à distinguer les vaches d'Aubenton de celles de Lafrancheville. Bref on trouve de tout dans la vie de tous les jours de Franz Bartelt et surtout des raisons de se réjouir qu'il n'ait pas choisi de devenir boucher ou pire pharmacien. Alors regardez bien la pièce de 2 € qui vous servira à acheter votre prochain pain, regardez-la bien car elle aurait pu vous permettre d'acquérir un viatique qui vaut bien un repas de tous les jours.

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