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Pourtant que la montagne est belle

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Une actualité de Sylvie
Publié le 21/09/2013

la-voie-marion.jpegEtes-vous déjà allé à Chamonix en été ? Terrible expérience pour tout amateur de montagne, les bouchons après l'autoroute, les parkings bondés, le Mont-Blanc masqué par un nuage permanent, les commerces de souvenirs fabriqués en Chine, de quoi vous écoeurer pour longtemps de ce genre de virée et vous convaincre que pour aimer les sommets il faut au moins tenter de les tutoyer. Jean-Philippe Mégnin doit beaucoup aimer la montagne et notamment les Alpes qu'il raconte avec une belle ferveur dans son premier roman à paraître au Dilettante le 25 août prochain, La voie Marion. Il en a donc fait le majestueux décor de son histoire, se mettant pour quelques pages dans la peau d'une jeune femme, une jeune libraire (pensez si nous avons frémi devant une telle promesse...) qui vient installer son petit commerce au pied du plus grand sommet d'Europe, rêveuse (le beau métier que celui de conseiller des livres, de parler avec des clients, etc...) d'une vie au grand air, d'un retour aux aériens rêves d'enfance. Et comme nous lisons le journal d'une grande fille, c'est à son cahier qu'elle va confier sa belle aventure de princesse, séduite par un guide de haute montagne, timide mais au grand coeur, qui parvient à se faire tutoyer en lui faisant effectuer un rappel vertigineux avant de l'accueillir entre ses grands bras musclés. Tout est dit ou presque de ce roman dont la fin néanmoins réserve une surprise, du genre qui sauverait le livre si elle ne tombait avec la brutalité d'une pierre dégringolant la pente. On ne se cache pas ici d'aimer particulièrement les livres du Dilettante qui a une oreille particulière pour découvrir les voix nouvelles et la liste de celles-ci en troisième de couverture peut impressionner. Mais. Que penser du bon sentiment quand il est dépourvu de la moindre ironie (ceci dit l'ironie étant partout, cela fait du bien parfois d'en être soulagé) ? Que penser d'une langue quand elle est sans relief (surtout en montagne : on peut encore écrire après Ramuz ou Chessex) sinon qu'elle affadit les personnages ? Comment ne pas penser en terminant vite ce petit roman qu'il manque un peu de souffle, de jus, de passion ? Et que si la voie Marion n'est pas sans issue, que le livre suit une logique, une pente pourrait-on glisser, il peine à décoller. Dommage, car la montagne est belle, et les auteurs capables d'en parler plutôt rares.

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