A l’occasion des 40 ans de la formidable maison d’édition suisse Zoé, les libraires vous présentent leurs livres préférés au sein d’un catalogue qui parvient à associer redécouverte des grands anciens, (Cendrars, Walser, Bouvier entre autres ) et travail de défrichage d’une littérature contemporaine ouverte au monde et aux différentes formes de littérature.
La maison est un thème littéraire à part entière qui inspire et ne cesse d'inspirer les écrivains -on pense à La vie mode d'emploi de Perec, ou encore à deux coups de cœur parus plus récents La Cache de Boltanski et La maison dans laquelle, qui a fait l'objet d'un blog il y a quelques semaines.
Le roman de Marie Gaulis, Le Royaume des oiseaux, publié aux éditions Zoé il y a peu, interroge joliment la portée symbolique et littéraire que peuvent revêtir les murs qui nous entourent.
Nous voilà au cœur d'un vieux château savoyard qui a su résister au poids des ans, tributaire de l'attention que lui ont portée ses différents propriétaires. Ce château nous est présenté comme une vaste et vide demeure mais dont la présence immatérielle de ses anciens habitants se manifeste à chaque recoin. S'ils sont morts depuis longtemps, les voix de Max, Marie, Joson et Dora, grands-parents et arrière-grand-parents de la narratrice, se font ici peu à peu entendre, au fil des portes que l'on ouvre et des pièces que l'on visite. A travers le murmure de toute les canalisations, c'est la présence de Marie, la fiancée américaine, qui transparaît -c'est elle qui a œuvré pour l'installation d'une salle de bain dans la bâtisse, recréant ainsi vie et bruits dans ce château endormi. La cuisine quant à elle garde le souvenir de tous les visiteurs qu'elle a pu accueillir, Max se faisant un point d'honneur à offrir un toit à tous les étrangers de passage.
Le lecteur visite, et entreprend ainsi un petit voyage dans le temps, dans les tréfonds d'une mémoire familiale qui se fait ici universelle. L'écriture sensuelle et parfois presque mélancolique de Marie Gaulis donnent à ce texte un charme suranné auquel vous ne pourrez que succomber...