Il faut souvent commencer par être déçu pour être séduit ( se souvenir ainsi de l'incroyable ouverture de
l'Aurélien d"Aragon ). Le nouveau livre d'
Eduardo Halfon,
Le boxeur polonais, qui vient de paraître aux
éditions du Quai Voltaire, procède de ce plaisir. Tout commence par le récit confession fait un jour de pluie par une grand-père à son petit fils à propos des chiffres tatoués sur son avant bras qui ne sont pas, bien sûr, un numéro de téléphone, comme le voudrait la légende familiale. Alors Auschwitz, alors la survie et la culpabilité. Et la première nouvelle se clôt, laissant au lecteur l'impression étrange d'un creux, d'un déséquilibre ; un récit touchant, puissant mais en suspens, un récit de plus.
Alors vient la seconde nouvelle où il est demandé à l'auteur de préparer une conférence sur le sujet "la littérature écorche la réalité", et c'est alors que le livre se déplie, que l'intelligence, le talent, la finesse d'
Halfon se déploie dans une réflexion superbe d'ironie quant à la réalité de la mémoire, la vérité de la littérature et le fait que le monde nous est essentiellement une brume insaisissable.
Voici comment en moins de 70 pages
Eduardo Halfon, brillamment traduit par Albert Bensoussan, vous emporte.
Signalons la parution simultanée d'un autre recueil d'E. Halfon :
Signor Hoffman.