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Qui lit Khili-Khili rit

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

W.E.BowmanMéconnu, méconnu certes nous dit la quatrième de couverture, mais ce petit livre que réédite Frédéric Brument dans sa "série humoristique" chez Rivages (où il nous avait régalé avec Benchley, Leacock, Milligan, Runyon et Thurber) en est malgré tout à sa troisième édition après sa naissance chez Laffont dans les années 50 et sa nouvelle sortie dans les années 80 chez Glénat qui possède une belle collection de livres (pas marrants du tout d'ailleurs) sur la montagne. C'est dire que ceux qui l'ont lu en connaissent toute la saveur et se réjouissent qu'il revienne faire un petit tour dans nos pâturages au niveau de la mer : A l'assaut du Khili-Khili, orné d'un suggestive couverture de Lewis Trondheim, sera le livre à offrir à vos détestables amis qui racontent en large et en travers leurs "formidables" randonnées pyrénéennes, leurs exploits alpins en grosses chaussettes ou leurs ambitions verticales pour prouver au monde qu'ils en ont. Œuvre du délicat W.E. Bowman qui affronta lui-même les collines autour de chez lui avant de se montrer plus téméraire, ce roman est tout simplement le plus désopilant qu'on ait pu imaginer sur les "conquérants de l'inutile", eux qui présentent l'avantage de réunir tous les ridicules les plus criards du monde des aventuriers : hâbleurs, vantards, hypocondriaques, bavards, bref fatigants…L'expédition dont il va nous faire la relation doit nous conduire au sommet du fameux khili-Khili (qui ne doit rien à Jean-Claude - Jean-Claude) connu en anglais sous le nom de Rum Doodle, 13000 mètres d'altitude qui renvoie l'Everest dans la cour des petits. Pour affronter ce géant, l'élite de l'alpinisme britannique : un scientifique qui veut tester la télé couleur en altitude, un médecin qui dégoûterait Esculape de sa vocation, un guide qui se perd dans Londres, un spécialiste des langues locales incapables de se faire comprendre, un photographe qui espère vendre le film terrible qu'il va tirer de cette bande d'alcooliques mondains aux studios américains et une troupe ahurissante de porteurs et de porteurs de porteurs qui sont pas moins de 3000 et vont faire chèrement payer leurs services à ces occidentaux bien faiblards.  L'hilarante force du livre est de se présenter sans cesse comme le récit sérieux de l'expédition par une troupe de vaillants gentlemen dont il ne nous faut pas plus de trois pages pour comprendre qu'escalader la montagne Sainte-Geneviève en leur compagnie représenterait déjà un vrai danger. Tous les clichés du monde de l'alpinisme y passent exposés avec ce flegme qui au cœur de la tourmente devient délirant : tout va bien se passer, c'est la catastrophe permanente mais non, tout va bien… Ecrit à une époque où l'on se pâmait devant les exploits des ascensionnistes les plus valeureux, A l'assaut du Khili-Khili fait aussi figure de document (mais pris à rebours) sur les illusions sportives de nos grands-parents ou parents qui commençaient déjà patiemment à transformer avec la plus grande dignité l'Himalaya en l'immense poubelle qu'elle est devenue. On rit franchement aux aventures délectables de nos amis anglais, impatients malgré tout de les voir sombrer dans la première crevasse venue qui mettra un terme à leurs divagations exténuantes. Mais l'Anglais ne se dérobe pas comme ça, il a une rare qualité de survie. Vous en aurez donc pour votre argent dans le style parodique qui est ici porté au plus haut : 13000 mètres qu'on vous dit…

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