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Ray dans les étoiles

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Une actualité de David V.
Publié le 29/05/2013

Il fait partie de ces auteurs dont on est tout surpris d'apprendre la disparition : comment ? Ray Bradbury qui flirtait avec les étoiles était donc mortel ? Celui que des générations de collégiens ont découvert stupéfaits après une légère inquiétude devant ce titre énigmatique : Fahrenheit 451, celui dont les livres, parce qu'ils se jouaient du temps et de l'espace, semblaient défier les années, celui qui avait commencé sa carrière au moment de l'explosion de ces genres longtemps négligés dans les années  40, vient donc de disparaître à l'âge de 91 ans et beaucoup vont avoir ce sentiment de perte de quelqu'un de proche, lui dont la mélancolie savait rencontrer le rêve, dont l'imagination n'oubliait pas l'humanisme et qui n'hésita pas à nourrir son oeuvre des souvenirs de sa ville d'enfance. Car dans le concert de louanges qui va s'élever à cette annonce, il ne faudra pas négliger un versant moins connu de son travail, plus classiquement littéraire, et qui fait la part belle à une nostalgie traversée d'ironie et lui permet de ressusciter la ville de son enfance. Bradbury s'insurgeait régulièrement contre son placement en détention dans la case "écrivain de SF" comme si ses Chroniques Martiennes ,son seul livre du genre, faisaient de l'ombre à tout un versant de sa production. Il faut dire que le recueil avait marqué un tournant (rappelons que c'est le numéro 1 de la fameuse collection Présence du futur qui continue d'ailleurs son existence sous le nom de Folio SF dirigée par l'excellent Pascal Godbillon et qu'il s'en est vendu près d'un demi-million) : son onirisme inquiet, sa poésie qui permettait l'émotion sans renoncer au pouvoir dénonciateur que recèle ce genre, tout concourait à en faire un livre marquant de l'avant-garde, osant le merveilleux pour dénoncer l'intolérance et le racisme, annonçant l'avènement d'une société technicienne et déshumanisante, pourfendant à mots retenus l'avidité. On relira avec étonnement sa Foire des ténèbres, ses Pommes d'or du soleil, De la poussière à la chair où percent une inquiétude qui est celle de tous les enfants grandis au milieu de bibliothèques. Ray est désormais dans les étoiles et nul parmi les ceux qui croient aux pouvoirs des histoires ne voudra lui dénier le pouvoir de nous regarder d'en-haut, avec malice.

Retrouvez des images de l'auteur en 1978 dans l'émission Apostrophes de Bernard Pivot, un vrai document : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPB78051534/le-tour-de-jules-verne-en-70-minutes.fr.html