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Rêve de liberté et de mort.

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Une actualité de Marie-Aurélie
Publié le 19/03/2016

Septembre sera le mois Murakami ou ne sera pas ! Alors que paraissent chez Belfond les deux premiers tomes de 1Q84 ; Sommeil,  une petite nouvelle de l'auteur japonais, vient de sortir en poche chez 10/18. Déjà parue dans le recueil L'éléphant s'évapore, le texte est ici accompagné des illustrations bleues et argentées de Kat Menschik.

Dans le Japon moderne, une jeune femme, mère de famille et épouse modèle mène une vie réglée comme du papier à musique. Mariée à un dentiste qu'elle qualifie volontiers de "laid", elle partage son temps entre ses courses, son fils et les tâches ménagères. Chaque matin elle part faire ses courses, chaque midi elle prépare le déjeuner de son mari et l'écoute discourir sur les problèmes du cabinet, chaque après-midi elle va chercher son fils à l'école puis prépare le diner. Cette vie pourtant paisible ne lui laisse que peu de temps pour elle-même.

L'existence de la jeune femme est étrangement bouleversée lorsque, pendant dix-sept nuits elle ne trouve pas le sommeil. Cette insomnie se manifeste de façon inhabituelle car, à aucun moment durant ces dix-sept jours, la jeune femme n'éprouve le besoin de dormir et ne ressent jamais le moindre élan de fatigue. Toutes les nuits s'étend devant elle un temps libre de tout. Elle décide alors de se plonger à nouveau dans Anna Karénine, lecture de jeunesse dont elle n'a gardé que quelques bribes de souvenirs.  Dès les premiers mots, la femme est happée par le texte et ne lâche le livre qu'aux premières lueurs du jour, au moment de préparer le petit déjeuner familial. De ces insomnies et de cette nouvelle passion pour Anna Karénine, elle ne souffle mot à son mari, inconscient que la vie de sa femme vient de changer.

Secrètement et joyeusement la jeune femme va attendre ses nuits pour  savourer lecture, cognac, chocolat et pensées intimes. Au travers de  ces nuits et de leurs plaisirs délicieux et non coupables les failles existentielles de la jeune femme, si imperceptibles qu'on les croit inexistantes, vont se révéler, doucement, cruellement.

Comme toujours la subtilité de l'écriture de Murakami est trompeuse; en dressant le portrait d'une femme qui trouve dans ses insomnies le bonheur de sa solitude, il mène à la peur irrépressible du vide et de la mort...

Sommeil, en quelques pages, sème le doute sur le rêve et la réalité et la symbolique de la mort prend tour à tour des aspects oniriques ou effrayants. Mais Murakami y parle aussi, entre les lignes, de la passion dévorante de la lecture, de ce besoin presque physique qui accapare le lecteur, ne se souciant plus que de son livre qui devient son seul univers.

On sort de ce Sommeil comme d'un rêve, envouté et troublé.

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