Stanislas Cordova, est un réalisateur admiré, adulé, vénéré d’un petit (mais puissant) groupe de cinéphiles avertis. Ceux qui l’aiment le savent, se procurer les copies de ses films est une épreuve quasi insurmontable dont la réussite démontre si on est digne ou non de voir ses œuvres. Les films de Cordova sont réputés, même auprès de ceux qui n’en ont jamais vu, pour être des films horrifiques dont le spectateur ressort rarement indemne. Ses fervents admirateurs entretiennent le mythe et la peur en projetant ses films dans le plus grand secret dans des endroits sinistres et cachés auxquels vous n’aurez accès que si vous chercher bien, et encore une fois, si vous vous en montrez digne…
Scott McGrath est un journaliste new-yorkais déchu, ayant voulu s’attaquer au grand Cordova lui-même quelques années auparavant. Depuis, la vie et la carrière de McGrath sont en chute libre. Mais la vendetta du journaliste semble pouvoir reprendre du service lorsqu’Ashley Cordova est retrouvée morte au pied d’un entrepôt désaffecté de la Grosse Pomme. La jeune femme de 24 ans est la fille cadette du réalisateur de génie. L’enquête conclut rapidement à un suicide mais McGrath, mû par une conviction profonde, y voit un meurtre. L’occasion pour le journaliste d’investigation de reprendre sa guérilla contre Stanislas Cordova et de prouver enfin au monde qui l’étrange réalisateur est vraiment, au mépris des risques encourus.
Huit ans après La Physique des Catastrophes, génial roman de 800 pages, Marisha Pessl réitère l’exploit avec ce second roman brillant et captivant. Comme précédemment, l’auteur navigue entre réalité et imaginaire, abolissant les limites de la fiction classique, à la fois dans son écriture très ludique et dans ses références littéraires et cinématographiques. Pessl s’amuse indubitablement à perdre ses personnages sans jamais abandonner son lecteur. Avec Intérieur nuit, on retrouve du Livre des illusions de Paul Auster, du « The Wicker Man » de Robin Hardy, film culte de 1973 avec le grand Christopher Lee ; mais aussi du Hitchcock, du Lynch ou du Polanski pour un univers fantasmé et horrifique dans lequel on glisse avec effroi et délice.