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Scènes de chasse en Norvège

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Une actualité de Véronique D.
Publié le 16/03/2016

41imp8assel_sl500_aa300_.jpgRené Derain aurait dû se méfier. Alors qu'il fait une dernière halte avant de s'engager sur le chemin forestier qui le conduira au relais de chasse où il a réservé un séjour, son chien se fige devant la forêt, sombre, froide, dense, trop dense. Il aurait dû se méfier, mais de quoi ? Ou de qui ?

Le séjour s'annonce prometteur : rejoindre six autres chasseurs passionnés, hommes et femmes, venus des quatre coins d'Europe pour traquer du gros gibier, sauvage à souhait, non loin du Cercle Polaire. Derrière le charme des histoires échangées au coin du feu, le confort de l'endroit et la convivialité un tantinet artificielle qui s'installe, une inquiétude  commence pourtant à poindre, tel un malaise diffus. Est-ce en raison de cette étrange première chasse en commun,au cours de laquelle un splendide orignal mourra debout, bien que touché par de nombreuses balles ? Est-ce à cause de cette forêt qui semble retenir les hommes de ses branches "tendues comme des lames" ? Ou de la virulence de cet hiver aussi soudain qu'imprévu qui contraint hommes et bêtes, pris au piège des glaces et de la faim, à ne plus penser qu'à la simple  survie ? Dans l'esprit inquiet de René Derain germe une idée démente : et s'il y avait quelqu'un aux manettes, quelqu'un qui serait là pour le tuer, lui, le garde-forestier ?

Hugo Boris a retenu les leçons d'Agatha Christie et de Fredric Brown : de la reine du policier so british où l'on assassine au milieu des miettes de scones, il a gardé le goût de la facétie et le sens de l'ambiance - ses descriptions de la forêt, personnage à part entière, comptent parmi les plus belles pages du roman - alors que du génial nouvelliste et romancier américain il aurait plutôt pris le goût de la recherche formelle et de l'efficacité narrative.

La délégation norvégienne se lit comme un roman policier qui jouerait à tendre nos nerfs pour mieux les éprouver. Peut-être les indices viennent-ils un peu trop tôt et sont-ils un peu trop clairs mais au final, Hugo Boris vise dans le mille et fait de la chute de son roman un malicieux clin d'oeil au plus grand complice qu'ait un écrivain : son lecteur.

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