Agréable surprise d'avril : Minuit nous permettra de découvrir un recueil de récits de Jean Echenoz célébré pour ses romans. Caprice de la reine rassemble sept textes qu'on avait pu lire (ou ne pas lire) dans des revues comme Tango, Le Garage ou Meeting, ou découvrir dans le cadre de commandes pour la scène voire pour accompagner un disque de William Christie et ses Arts Florissants. On pourrait presque parler de compilation si le mot n'avait pas cette désagréable connotation commerçante, on dira plutôt rassemblement ou collation (car ce dernier vocable a une saveur qui n'est pas sans évoquer le plaisir gourmand de lire du Echenoz bref). Sept récits et autant de chemins empruntés par un auteur qui donne le sentiment de maîtriser tous les registres, de l'ironie à l'onirisme, de la description au récit circonstanciel jusqu'à l'érudition. Il y aura donc bien des difficultés à trouver une autre cohérence à l'ensemble que la pratique de son auteur qui nous précise aussi un peu de son art d'écrire en écrivant qu'on "ne peut pas tout dire ni décrire en même temps, n'est-ce pas, il faut bien établir un ordre, instituer des priorités, ce qui ne va pas sans risque de brouiller le propos...". Quelques pages passeraient pour des leçons de littérature et pas seulement des exercices de style. Il nous réjouit en nous faisant visiter Babylone et un décor de la campagne mayennaise, en nous décrivant avec économie un tableau du Musée du Luxembourg, en nous racontant l'effondrement d'un pont ou un détour au Bourget à la Emmanuel Bove. On gardera pour la fin le tout premier texte qui est un ravissement de drôlerie et nous conte la vie (et la mort) du grand amiral Nelson à travers ses nombreux incidents de santé (que sa seule condition de marin) n'explique pas. Un beau caprice d'écrivain et un recueil royal.
Caprice de la reine paraîtra le 3 avril.
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