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Sisu sans soucis pour Paasilinna

Arto PaasilinnaAlors que la fin du monde approche, que les accidents nucléaires et les pénuries d'énergie se multiplient, et que nous sommes à la veille d'une troisième guerre mondiale, un étrange havre de paix et de prospérité demeure, quelque part au fin fond des forêts du Kainuu, en Finlande. C'est là qu'Eemeli Toropainen a érigé, à la demande de son grand-père, une église en bois copiée sur un ancien modèle. Très rapidement, une communauté villageoise se formera autour de l'église, qui vivra en adoptant les anciennes méthodes de subsistance, à l'écart de la grande crise internationale. Voilà comment se présente Le Cantique de l'apocalypse joyeuse, paru aux éditions Denoël, le dernier roman d'Arto Paasilinna, un écrivain finlandais qui manie l'humour et la causticité comme d'autres font grincer les craies pour leur seul plaisir. Car on sent bien un réel plaisir - on peut parler aussi de jubilation - dans l'acte d'écriture paasilinnienne, que l'on pourrait qualifier de décomplexée et de force tranquille. Cet état d'esprit, typiquement finlandais, a pour nom le "sisu", terme sans équivalent français que l'on peut traduire approximativement par courage, ténacité, persévérance ou détermination. C'est en cela que Paasilinna ressemble beaucoup à ses personnages, le plus souvent des antihéros bourrus, déconnectés du monde, paresseux ou peu cultivés, mais qui s'adaptent aux différentes épreuves traversées et finissent par s'en sortir. Cette propension à ne pas se prendre au sérieux séduit beaucoup les Français, qui accueillent toujours les nouvelles parutions de cet auteur avec enthousiasme. Ce phénomène est encore plus spectaculaire en Finlande où il a vendu quatre millions de livres, dans un pays qui ne compte que cinq millions d'habitants !

C'est avec Le lièvre de Vatanen, road-movie écolo absolument hilarant, que l'auteur s'est fait connaître de par le monde. Cette histoire de journaliste qui plaque son job pour s'évanouir en pleine nature avec un lièvre blessé a posé les bases de son univers : la fable picaresque humouristico-écologique (excusez la formule plus qu'accrobatique, mais les lecteurs de Paasilinna comprendront...). Les romans qui suivront sont du même acabit : Le meunier hurlant, confessions d'un homme doucement frappé, qui hurle au clair de lune à la moindre contrariété ; Le fils du dieu de l'orage, qui a pour mission de reconvertir les Finnois aux Dieux ancestraux ; Prisonniers du paradis, sorte de Koh-Lanta pour de vrai ; La cavale du géomètre, ou les tribulations d'un géomètre amnésique ; La forêt des renards pendus, les aventures et les rencontres d'un malfrat qui, pour échapper à ses anciens complices, s'exile dans un milieu inhabité... en tout cas c'est ce qu'il croyait ! ; La douce empoisonneuse, un des romans les plus drôles de Paasilinna sur une grand-mère meurtrière malgré elle ; Petits suicides entre amis, l'histoire de deux suicidaires qui fondent un club de personnes désireuses d'en finir avec la vie ; Un homme heureux, la vengeance diaboliquement orchestrée par un ingénieur aspirant à la paix. Ces titres sont tous disponible en Folio. A noter enfin Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, sorte de cousin de Vatanen qui, lui, s'entiche d'un ours ! Ce dernier roman paraîtra en Folio début novembre. Nous aurons l'occasion d'y revenir sur ce blog.

Humour, causticité, fantaisie et écologie : un beau programme pour vos lectures d'été, non ?

Le cantique de l’Apocalypse joyeuse

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