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Surveillez vos lacets

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013

baker.jpgArrêtez-tout ! Posez le livre que vous êtes en train de lire, il saura patienter et venez remédier à un terrible manque car il paraît que vous n'avez pas lu La mezzanine du génial Nicholson Baker et redoutez que cela se sache. Le livre était épuisé, nos cris n'y faisaient rien : impossible depuis quelques années de conseiller cette petite merveille aux passionnés de littérature. Et puis, parce que désormais les livres de poche disparaissent des catalogues, le secours de ces collections dites de "semi-poches" arrive à point nommé. Pavillons poche avait déjà ressuscité A servir chambré, ahurissant petit roman sur les élucubrations mentales d'un jeune père de famille en train de bercer son nouveau-né, et cela avait permis à certains de redécouvrir cet auteur américain totalement inclassable, seul dans sa catégorie d'hyperréaliste comique. Avec La mezzanine dont Robert Laffont a récupéré les droits, nous tenons son coup de maître, une performance littéraire acrobatique, hilarante et brillante, un de ces numéros de haute voltige littéraire comme il ne nous a pas été donné d'en lire souvent. Le propos est d'une simplicité apparente qui défie le romanesque : un col blanc américain, réalisant que son lacet est cassé, décide à l'heure du repas d'aller remédier à ce micro-drame, sans compter sur le fait que la descente de l'escalator sera périlleuse, le passage aux toilettes détartrant, l'achat d'un remontant insurmontable...De ce trajet d'une banalité confondante, Nicholson Baker fait une épopée sociologique, passant au crible de sa culture le moindre détail, élaborant des théories microscopiques, portant la réminiscence au rang d'oeuvre d'art et hissant la note infrapaginale si chère aux universitaires au niveau du sublime...Monologue débordant de digressions savantes ou intimes, La mezzanine rend un hommage contemporain à Tristram Shandy qui en son temps avait bouleversé l'histoire des Lettres sans jamais se départir d'un ton qui se veut anodin. Le résultat de cette odyssée invisible est un livre d'un comique rarement égalé, parodie inventive, analyse sociale et introspective, délire tenu au cordeau. Depuis la sortie de ce premier roman, nous avons en tête les éclats de rire qui ont ponctué sa découverte et guettons avec une impatience gourmande la sortie de tout nouvel opus de Baker, assuré de n'y pas trouver ce qu'on nous sert ailleurs... Alors rejoignez le cercle de ses admirateurs et faites du prosélytisme.

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