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The end of the world (as we know it)

Un individu sensé aurait toutes les raisons de s'inquiéter de l'annonce d'une fin du monde imminente. Mais c'est bien connu, les êtres raisonnables ne se recrutent pas chez les lecteurs qui savent, mieux que personne, que le thème de la fin du monde peut déboucher sur de véritables chefs-d'oeuvre. On pense alors à La route de Cormac McCarthy, En un monde parfait de Laura Kasischke ou encore Silo de Hugh Howey. Trois romanciers Américains, auxquels on pourrait facilement adjoindre Karen Thompson Walker, américaine elle-aussi, avec son impressionnant Age des miracles. Alors sous quelle forme l'auteur a-t-elle choisi de mettre fin à notre monde ? Attaque extra-terrestre ? Guerre atomique ? Pénurie de chocolat ? Aucune de ces raisons n'ont été retenues par la romancière. Imaginez que, par un beau jour d'octobre, les experts du monde entier annoncent à l'unisson cette terrible nouvelle : la rotation de la Terre est en train de ralentir, si bien que les journées rallongent inexorablement, atteignant progressivement 26, 28, puis 30 heures ! Les conséquences sont désastreuses : la gravité est modifiée, les marées se dérèglent, les oiseaux commencent à tomber du ciel, les baleines s'échouent sur les plages,... Il faut donc s'adapter à ces bouleversements et continuer à vivre. C'est dans ce contexte pour le moins particulier que grandit Julia, onze ans, l'âge des changements, de tous les possibles, où l'on glisse imperceptiblement de l'enfance à l'adolescence, l'âge des miracles en somme. Cette annonce va exacerber les penchants naturels des personnes qui l'entourent : certains, comme son père, vont rester flegmatiques ; d'autres, comme sa mère, vont céder à la panique. Quant à Julia, elle s'attachera à ne retenir que les choses positives que peuvent entraîner cette situation exceptionnelle. À la fois roman d'apprentissage et d'anticipation, ce très beau livre, qui a demandé trois ans d'écriture à son auteur, comblera aussi bien les adolescents que les adultes. Maintenant qu'elle a réalisé un premier miracle avec ce roman, nous espérons que Karen Thompson Walker récidivera. Et si tel est le cas, on ne parlera plus de miracle, mais tout simplement de talent.

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