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Trois étages à monter

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Une actualité de David V.
Publié le 25/03/2016

Nous avons le plaisir d'accueillir sur le blog des libraires les contributions d'étudiants de Licence de Jean-Michel Devésa de l'Université de Bordeaux III qui, avec le concours de la librairie, vont pouvoir pendant l'année rencontrer avant leur conférence des auteurs de passage dans nos murs ou, plus simplement, vont assister aux conférences d'auteurs dans l'actualité littéraire. Vous pourrez retrouver le blog de ces jeunes plumes qui s'intitule Carnets Montaigne en allant sur : http://carnetsmontaigne.wordpress.com/

Voici donc le premier texte qui évoque Limonov d'Emmanuel Carrère.

 par Sylvain Lefol

Trois étages à monter, pour accéder au salon Albert Mollat. La pièce nous annonce la couleur – rouge, ironiquement – de la rencontre avec l’écrivain Emmanuel Carrère, pour la promotion de son dernier livre, Limonov.

« Limonov n’est pas un personnage de fiction. » Pourtant, la nature de l’individu laissait croire au fantasme romanesque d’un auteur qui chercherait à faire fondre les plus profonds vices de la société humaine dans le moule de l’imaginaire.  « Il existe. Je le connais« , continue-t-il. Mais qui donc est Limonov  ? Un clochard aux multiples petits boulots et voué à la débauche, un Bukowski soviétique? Un gamin des rues qui serait un Oliver Twist aux penchants plus que douteux ? Un néo-nazi voué à tenter de redorer le blason de l’ancienne Russie ?

Emmanuel Carrère le sait, il l’a senti avant de l’entendre : le sujet de son récit inspire de multiples questionnements. Pourquoi Limonov ? Car de la mort de Staline qui, à ses dix ans, le fait pleurer, jusqu’au douteux couple Poutine-Medvedev qui fédère la Russie actuelle, cet homme réunit les ingrédients qui font du communisme pur et dur le fantasme d’une part non-négligeable de la population Russe*. Quid du chaos et de l’amour de la guerre ? Limonov, plus acide que le citron, fusillerait volontiers le traître Gorbatchev. Limonov le brutal, le perturbé, est le croisement improbable d’univers qui ne sont pas fait pour coïncider. Limonov à New-York, Limonov dans les camps Russes.

Pourquoi tant parler de Limonov – encore une occurence! – sur un billet consacré à l’entretien avec Emmanuel Carrère ? Peut-être parce que le non-personnage transcende l’auteur du livre, alors qu’il ne s’agit pas même d’une biographie. Limonov a vécu, Carrère a enquêté, retranscrit les motifs de son écriture, de son sujet. Les questions des invités à la conférence portaient essentiellement sur le protagoniste. Lemonov était vivant dans la pièce. Beaucoup ne l’ont pas encore lu ; malgré tout, la fascination était palpable. Nous remercions M. Carrère pour son amabilité, tout comme nous le remercions d’avoir excité notre imaginaire de mauvais garçons un vendredi soir ; assurément, Lemonov vivra quelque peu dans nos gestes dans les prochaines heures.

*: http://impressionsrusses.wordpress.com/2011/05/06/vive-staline/

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