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Troisième naissance d'Ethan Frome

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Une actualité de David V.
Publié le 17/03/2014
L'initiative en revient à l'écrivain Julie Wolkenstein qui après avoir traduit The Great Gatsby chez son éditeur P.O.L nous offre aujourd'hui une magnifique traduction du roman d'Edith Wharton Ethan Frome. C'est Pierre Leyris (1907-2001) dans sa verte collection consacrée à la littérature anglo-saxonne au Mercure de France qui en fut le premier traducteur en 1969, et on sait de quelle autorité son nom jouit dans le monde des traducteurs (il est l'auteur entre autres de La chambre du traducteur chez Corti), au risque d'empêcher parfois de nouvelles tentatives mais on lui doit de vraies découvertes au milieu de grands classiques : Shakespeare, Gerard Manley Hopkins, T.S.Eliot, Stevenson, Brontë, Melville, D.H. Lawrence, John McGahern, de quoi donner le tournis. L'Imaginaire de Gallimard, dont on ne louera jamais assez la nécessité, a repris cette traduction, imposant peu à peu ce titre parmi les plus importants de Wharton qui fut longtemps négligée avant un retour en grâce qu'expliquent en partie les adaptations cinématographiques. Il y avait donc un pari dans cette entreprise pour l'auteur d'Adèle et moi et il nous paraît gagné dès les premières pages car elles restituent sans défaut ce qui fait le charme puissant de ce livre, sa simplicité "granitique" qu'une langue épurée doit restituer, ces rudes paysages de la Nouvelle Angleterre, ce parler rare d'un peuple taiseux. Ecrit en 1911, Ethan Frome s'inscrit dans la littérature du XX° siècle qu'il annonce, non qu'il y ait une grande nouveauté formelle mais son parti pris narratif, le choix de nous dire le dénouement avant de nous raconter l'histoire, l'inscrivent dans une modernité qui fait contraste avec le décor violemment fruste. Ethan Frome c'est une tragédie sans théâtre, un drame dont on nous raconte le lointain écho, une histoire d'amour simplissime et extraordinaire dont le dénuement fait la puissance. Julie Wolkenstein va peut-être permettre à une nouvelle génération de s'approprier ce roman, et nous lui en sommes reconnaissants. Ce livre qui a cent ans sera un de nos fiévreux conseils ce mois-ci. NB : à noter aussi la réédition d'Eté dans la Petite Bibliothèque Ombres qui ne s'est pas offert une nouvelle traduction, celle-ci n'étant créditée que d'un "traduit de l'anglais en collaboration avec l'auteur" qui laisse songeur (mais Wharton a vécu longtemps en France).

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