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Un cactus en vitrine

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Une actualité de David V.
Publié le 17/08/2013

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Puisque décidément le Mexique envahit jusqu'à l'actualité politique, c'est le moment où jamais de nous immerger dans sa littérature. Invité du Salon du Livre de Paris qui ouvre ses portes jeudi soir, ce pays a mis les moyens sur la table - de très généreuses subventions ont été allouées, permettant une prise de risque minimale... - pour que les Français découvrent enfin la variété de ses écrivains et sa richesse éditoriale, d'où une profusion de publications qui va falloir se dépêcher de regarder avant que le reflux, inévitable, éloigne les éditeurs de ce pôle temporairement attractif.  Nous avons donc avec tout le sérieux qui nous caractérise feuilleté, emprunté et lu une partie de ce trésor pour en retenir au moins ceci.

David Toscana le premier nous a emballé avec ce premier roman traduit par François-Michel Durazzo (que vous pouvez retrouver en podcast), El ultimo lector édité par Zulma (cf notre blog).

Mario Bellatin quant à lui nous aune nouvelle fois étonné : d'abord en quitant la maison qui s'était acharnée avec beaucoup de courage à la faire connaître, Passage du Nord-Ouest, puis en signant un énigmatique petit roman, Jeu de dames,  dont nous ne sommes pas sûrs d'avoir tout saisi....(cf notre blog).

Avec Boue, Guillermo Fadanelli a confirmé tout le bien que nous en pensions après Un scorpion en février : quand vieillir rime avec désir, la douce, amère et parfois violente aventure d'un cinquantenaire surpris par le démon de l'amour.

Le roman le plus violent est à mettre à l'actif d'un autodidacte; J.M.Servin, ancien sans-papier en France, routard revenu au pays pour nous infliger sa dureté avec Chambres pour personnes seules, aux Allusifs, où les combats de chiens ne sont pas les aspects les plus sombres de cette plongée au coeur d'un Mexique sordide (cf notre blog).

Un chef-d'oeuvre, dont nous n'avons pas encore eu l'occasion de parler, que ce fantastique roman de Alvaro Enrigue né en 1969, qui était venu l'an dernier dans le sillage du grand Sergio Pitol à la librairie (mais nous ignorions tout de lui alors et il ne communiqua guère...), Vies perpendiculaires chez Gallimard, odyssée temporelle d'une garçon qui découvre en lui toutes ses vies antérieures, ses crimes et ses châtiments, le poids de l'éternité et l'insurmontable douleur de survivre à ses tourments, un livre d'une étourdissante construction dont on revient sonné.

Grande figure des Lettres Mexicaines dont aucun éditeur français ne veut néanmoins traduire l'opus principal, Juan Villoro passe pour la voix la plus écoutée de son pays, influent, brillant dans tous les registres mais manquant peut-être de cette authenticité qui lui vaudrait une plus grande reconnaissance internationale. Son recueil de nouvelles édité chez Denoël nous paraît au mieux mal traduit au pire sans grand intérêt dans son ambition de donner voix aux mille et une bassesses de dix hommes modernes. Mariachi a tout du produit d'importation.

Désormais grande vedette chez lui et aux Etats-Unis, donc très jalousé par ses contemporains, Guillermo Arriaga se devait de figurer dans cette liste. Scénariste pour de grands noms, romancier, nouvelliste et aussi réalisateur, ce touche-à-tout a réussi le pari de sublimer la violence de son pays pour en exprimer le plus tragique. Chacune des nouvelles de Mexico, quartier sud est un coup de poing qui demande un peu de temps pour s'en remettre.

Jorge Volpi, qui est venu plusieurs fois à notre rencontre, a marqué ses lecteurs avec l'ambitieux Le temps des cendres. Le jardin dévasté au Seuil frappe par sa recherche formelle, fait de très courts chapitres qui tentent par leur aspect fragmenté de rendre compte du drame atroce d'une jeune irakienne confronté aux petites misères d'un homme qui pourrait beaucoup ressembler à l'auteur. Plus contenu, moins ample, ce court livre nous permet de découvrir un autre aspect du talent de Volpi.

Nous n'avons pas renoncé à continuer la lecture des Mots croisés de Fabio Morabito édité par Corti mais, avouons-le, c'est pour l'heure d'un minimalisme qui peine à provoquer l'adhésion. Et la réflexion sur le travail de l'écriture paraît tellement peu originale que cet auteur d'origine italienne qui a choisi plus tard la langue espagnole ne nous convainct qu'à moitié.

On terminera ce modeste et subjectif coup de projecteur par la très intelligente anthologie préparée par François Gaudry -qui a aussi traduit le dernier Enrique Serna dont nous reparlerons, Quand je serai roi -  aux Editions Métailié, Des nouvelles du Mexique, avec une introduction enlevée qui résume en peu de phrases la richesse de cette littérature. On y croise des auteurs incontournables et des inconnus très prometteurs et on en ressort étourdi par une telle accumulation de talents...

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