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Un inédit de Claude Bourgeyx

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013

Des gens insensés  C.BourgeyxClaude Bourgeyx nous fait souvent l'amitié de passer dans nos rayons, l'oeil à l'aguet, la malice toujours prête à jaillir, curieux de ce qui paraît, de ce que nous aimons, loin de la figure de l'écrivain blasé que son palmarès lui autoriserait. Très connu pour ses textes pour enfants (on le lit dans les écoles), célébré pour ses pièces de théâtre qui ont connu de grands succès notamment lorsque le regretté Claude Piéplu ou la pépiante Anémone triomphèrent sur scène, il est aussi romancier et nouvelliste, un genre ingrat dans nos contrées parce que peu lu mais un genre majeur car il exige une maîtrise parfaite de la distance et ne supporte pas l'alentissement toléré par le genre romanesque. Paru il y a deux jours à peine, son dernier recueil, Des gens insensés autant qu'imprévisibles, au Castor Astral, vient réjouir ce printemps qui n'en finit pas de larmoyer une pluie sinistre. Nous aurons très vite l'occasion d'en reparler ici lorsqu'avec regret nous en aurons tourné la dernière page, et ce que nous avons lu, déjà, nous comble une nouvelle fois et ce d'autant plus que le sujet en est l'écriture...et ses plus ou moins glorieux à-côtés.

Pour aujourd'hui, c'est plutôt une surprise que nous a réservée Claude Bourgeyx à qui nous avions demandé s'il se verrait nous adresser un petit inédit pour ce jeune blog. Parole tenue et à quelle vitesse puisque nous avons trouvé dans notre boîte aux lettres ce délicat petit texte sur l'innocence enfantine revisitée par un connaisseur. Ce n'est donc pas sans une certaine fierté et avec un plaisir très grand que nous vous le proposons avec l'espoir qu'il vous conduise sans délai à venir vous procurer sur notre site ou sur notre table (coup de coeur).

 

 

 

Salon du Livre pour la jeunesse (fiction)

 

Les enfants. Il y a de tout chez les enfants, faut pas croire ! Grande variété. Enfants gentils, teigneux, triples buses, purs esprits, singes savants, sauvages instinctifs, cerveaux à bonne température, serpents à sang froid… Il y a de tout, vraiment. C’est comme celle-là, l’autre jour : fillette de bonne famille, genre bonne élève, propre sur elle, regard franc, dans ses yeux une lumière céleste. Elle s’avance dans ma direction.

- Vous voulez bien me dédicacer votre livre, s’il vous plaît ?

Elle me tend son exemplaire. Je dégaine mon stylo, me fends de quelques mots serviles. Faut plaire au client ! Elle en profite pour faire son intéressante :

- Moi je pense que c’est facile d’écrire un livre. On remplit une page, puis une deuxième, puis une troisième, et ainsi de suite, et si on est persévérant on va jusqu’à cent, au moins.

Facile, écrire un livre ? Se prend pour qui, cette merdeuse, avec ses airs de femme savante ? Je vais la calmer vite fait, moi !

- Voyons, quel âge as-tu ? À mon avis une petite dizaine d’années. Tu as commencé par avoir un an, et puis tu en as eu deux, et puis trois, et ainsi de suite. À chaque anniversaire, une bougie supplémentaire sur le gâteau, c’est bien cela ?

Elle paraît ne pas comprendre où je veux en venir. Je conclus :

- Pourtant, même si tu te veux persévérante, tu n’es pas assurée d’atteindre tes onze ans... Tu as donc raison, écrire un livre c’est facile. Bien plus facile que vivre centenaire.

Alors son visage s’assombrit et les oiseaux de paradis qui nichaient dans ses yeux s’envolent tous à la fois.

Chez les écrivains aussi il y a de tout. Faut pas croire!

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