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Une nuit d'insomnie

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Une actualité de David V.
Publié le 21/09/2013

Marc Dugain (photo Le Figaro)L'insomnie des étoiles, le prochain roman de Marc Dugain chez Gallimard , sort en librairie le  19 août prochain. Joelle Marchand, une fidèle lectrice, a bien voulu le lire en avant-première pour nous et nous écrire ce qu'elle en a pensé, une première sur ce blog que nous verrions volontiers se renouveler. Une nuit ou presque lui a suffi pour dévorer ce roman, une nuit d'insomnie ? Nous l'ignorons encore. Qu'elle en soit ici remerciée. Voici donc son avis...

 

Oh ! qu’ils sont loin les romans célébrant les héros de guerres.

Ce roman, dont l’action se tient au cours de la Seconde Guerre Mondiale, met en scène des gens ordinaires et par cela même bien embarrassants. En effet ils sont médiocres voire veules.

Le récit est original car mené sous la forme d’une enquête où le lecteur en saura dès le départ plus que l’enquêteur.

Sur un fond historique et quelque part en Allemagne, dans un coin perdu, où le passé immédiat pèse déjà lourd dans le silence apeuré mais plaidant non coupable, Marc Dugain induit différents regards conduisant son lecteur sur des pistes différentes rendant toute identification difficile voire improbable.

Ce qui se passe est sordide, ce qui est révélé tout autant.

Une enfant, presque une jeune fille, est aux prises avec les bouleversements que toute guerre charrie. Seule, abandonnée ?, elle essaye de survivre sans même chercher à comprendre ce qu’elle subit. Son univers s’arrête à elle et au seul être aimé dont le manque la fait souffrir, son père. Elle ne retient et n’interprète que partiellement ce qu’elle voit, en l’occurrence un meurtre.

La roue tourne voici les vainqueurs devenus des vaincus sous surveillance. Le meurtre est soupçonné et par ennui, une enquête s’ouvre et élargit son champ d’investigations aux meurtres contre l’humanité.

Autour du personnage féminin, énigmatique dans sa drôle perception des événements, s’agite le meneur d’enquête, un capitaine qui, dans le civil, est astronome. Cet homme est comme à distance de ses contemporains, il semble les observer sans doute comme il observe les astres, avec perplexité en essayant d’en comprendre le fonctionnement. À ce duel, s’adjoignent deux autres tristes sires : un pauvre soldat dont l’insignifiance n’a d’égal que sa bêtise et un médecin qui détourne le serment d’Hippocrate de façon à justifier ses exactions.

On ne peut qu’être renvoyé à Hannah Arendt qui a exposé la banalité du mal. Tout être humain porte en lui la puissance de faire le mal. Mais aucune circonstance ne peut en excuser son exercice.

Comment le compenser ? Chacun a sa propre mesure.

Le lecteur est-il invité à parcourir un chemin de rédemption ?

Et pour finir, une citation :

"Louyre se sentait d’une humeur étrange. Il n’avait ni le désir de vivre ni celui de mourir, déprimante réalité d’un état qu’il connaissait bien pour y succomber régulièrement."

Joëlle Marchand

 

9 juillet 2010

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