La Farine, une confession est un livre sorti de nulle part, une réinvention remarquable du récit d'apprentissage où se mêle la beauté de la langue, la douleur d'exister et la singulière description d'une vie de mitron toxicomane rédimé par la littérature.
Les remarquables et suisses éditions
Héros-Limite avaient, il y a quelques années, fait (re)paraître un livre éblouissant :
La scierie , récit anonyme d'un jeune homme de bonne famille en rupture de ban qui découvrait dans l'après-guerre le milieu des scieries, et faisait l'apprentissage de la brutalité des rapports de classe, de la fraternité incertaine et finalement de la vie.
C'est aujourd’hui un pendant contemporain qu'elles font paraître avec
La Farine de
Benoît Damon, Mais à la description simple et brute de
La Scierie, Damon substitue la puissance d'une langue poétique où se mélangent phrases brèves et sèches et longues scansions d'épisodes malheureux. Nous ne vous le cacherons pas
La Farine est un livre âpre, rugueux mais qui fait à chaque page la démonstration de la force de révélation de la littérature.
Le narrateur est un très jeune homme, à peine sorti de l'adolescence, d'une famille bourgeoise, dit-il. Mais que le goût de la transgression et les mauvaises fréquentations mènent à rompre avec l'école et à découvrir l’héroïne. C'est alors qu'il devient un esclave double, celui de la boulangerie où il rentre en apprentissage et celui de la drogue et du milieu des toxicomanes. Qu'est ce que le travail quand on est une arpète, quand apprendre c'est être soumis, qu'est-ce que l'amour quand le corps est avant tout un corps à droguer ?
Bien sûr, heureusement, nous sommes loin de
Moi, Christiane F. ici pas de voyeurisme, pas de cochon de lecteur, simplement l'épreuve de la vie et des hommes, la pauvreté d'un monde où la force se substitue à l'esprit et, enfin, surtout, la possibilité d'un salut par la lecture, la littérature, qui permet au narrateur d'être autre chose qu'une force de travail et un consommateur de drogue.