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Vade retro !

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

Petit catéchismeAlain Dantinne est belge. Alain Dantinne est philosophe. Alain Dantinne n'est plus de première jeunesse. Alain Dantinne fait de la peine à M. le curé. Alain Dantinne a droit à un code-barre argenté sur son dernier livre et ce n'est guère étonnant car il est à l'enseigne de Finitude qui sait y faire en matière d'argent. Alain Dantinne est un sacré veinard car ses aphorismes, un genre plus très prisé mais autour duquel on sent comme un regain d'intérêt ces temps-ci, ont eu droit à un flacon qui les met véritablement en valeur : Claude Ballaré, un artiste qui manie le bâton de colle avec virtuosité, a illustré cent quatre-vingt-deux de ceux-ci avant que l'éditeur ne les emballe de rouge. Le résultat est un petit viatique qui peut se glisser dans la poche de votre gabardine (mais pas dans celle de votre jean, ce n'est pas le genre) et être dégainé au moindre moment de flottement. C'est l'avantage de l'aphorisme, il se met en bouche et agit quelques temps pour infuser sa drôlerie ou au contraire se heurter à une légère incompréhension. Le petit catéchisme à l'usage des désenchantés est découpé en livres (ça impressionne) qui abordent chacun un thème fondamental des humanités, y laissant une indélébile trace (j'exagère un peu mais il est vrai que certains font sourire facilement cinq minutes et que d'autres mériteraient d'être retenus histoire de briller en société) : la religion, la littérature, le suicide, l'amour, la morale, le savoir-vivre, etc..., bref quasiment l'ensemble des sujets qui occupent la vie intellectuelle d'un honnête homme... Mais je vous entends déjà vous plaindre d'une introduction aussi confuse alors qu'un petit lot de citations suffirait à résumer l'esprit de ce livre mince. Que choisir parmi cent-quatre-vingt-deux? Après avoir écarté les grossièretés que ne nous pardonneraient pas les ligues de vertu qui lisent et relisent nos blogs, nous pourrions oser : "Celui qui se complaît dans son orgueil n'est pas à la hauteur de son néant", un rien philosophe, ou : "Sa pensée est tellement profonde  qu'elle ne remonte jamais à la surface", voire "ce que j'aime dans le coïtus interruptus, c'est le charme désuet du latin d'Eglise" pour finir par "l'aphorisme est l'éjaculation précoce de la poésie". Petits instantanés de pensée pressée qui selon l'heure prennent une couleur différente, moments de danger pour un auteur qui se livre en quelques mots bien plus qu'en de nombreuses lignes car un aphorisme loupé est une petite catastrophe.

collage de Claude Ballaré

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