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Valcrétin !

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

ValcrétinRégis Messac était-il facétieux comme l'écrit la quatrième de couverture de Valcrétin réédité par les Editions Ex Nihilo ces jours-ci ? On serait tenté d'en douter au regard de sa bibliographie et des plus fameux de ses livres dont la facétie ne semble pas la qualité première. A moins que par ce mot on pense conjointement à désespoir, ironie, invention, humour noir, car ces "qualités", Messac les porta fort haut tout au long de son oeuvre littéraire brève et intense, trop mal connue encore (mais la Société des Amis de Régis Messac contribue avec une ardeur qui impressionne à lutter contre cette injustice manifeste et nous prépare un programme réjouissant (1)). Nous avions sur ce site évoqué la sortie au printemps d'un inédit, Le miroir flexible (cf notre blog). Occasion nous est donnée de nouveau de dire deux, trois mots sur l'auteur. Esprit universel et clairvoyant, résistant à toute forme d'oppression (un combat qui le mènera en camp de concentration), il porta le fer partout sans crainte des risques et trouva dans le roman un mode d'expression idéal pour véhiculer des idées souvent très en avance sur son temps. Avec Valcrétin qui ressort donc en édition définitive, c'est-à-dire débarrassée des scories de la précédente édition (l'éditeur a recensé pas moins de 700 erreurs, un sacré record!), c'est plutôt un conte extrêmement noir, et partant très drôle si on accepte ce voltairianisme outré, qu'il dévide sous nos yeux incrédules : récit d'une expédition comme l'humanité en préparait encore au début du siècle, il nous conduit vers la plus improbable des civilisations, un peuple de véritables crétins comme même les Alpes n'en ont pas eus. Scientifiques, rationnalistes, porteurs d'un idéal, les aventuriers arrivent en conquérants sur cette île étrange qui n'est pas sans rappeler la Terre de Feu où vivent encore les derniers représentants d'un peuple de "dolichocéphales". Avec Messac il faut être prêt à tout et ne pas imaginer de récit anthropologique guidé par une compassion suspecte de bons sentiments, et on va être servi avec ce morceau de bravoure détonant mené à la façon d'un journal d'expédition. Par politesse envers le futur lecteur qui devrait ne pas bouder cet excellent ouvrage on se retiendra d'en raconter les péripéties et les aléas. Mais quel régal vraiment que cette charge contre la société accusée de décérébrer ses membres ! Quelle vigueur dans l'avancée qui nous rappelle l'immense culture du monsieur qui ne s'est pas aventuré au hasard sur ce territoire littéraire. Les lecteurs de Quinzinzinzili sont de plus en plus nombreux, on rêve qu'ils deviennent aussi les lecteurs de cet inoubliable Valcrétin.

(1) L'association édite une excellente revue consacrée à l'oeuvre de Messac : Quinzinzinzili.

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