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Vendetta dans la nuit polaire

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Une actualité de Karine G.
Publié le 25/03/2016

Il est des livres qui marquent plus que d’autres, des livres qu’on ne pourra s’empêcher de relire encore et encore, jusqu’à absorber le moindre mot, la moindre phrase. Certains romans arrivent à créer une ambiance telle que vous avez besoin de vous immerger en eux, à vous faire chavirer le cœur et l’esprit, à se demander si vous ne faites pas vous-même partie du livre.

C’est le cas du Dernier Lapon  d’Olivier Truc, correspondant à Stockholm du Monde et du Point, paru le 13 septembre aux éditions Métailié. Ce livre vous fera voyager aux confins de notre planète, dans le noir le plus total et le froid le plus mordant. Comme le titre le laisse à penser, l’intrigue se déroule en Laponie, terre éloignée aux frontières imprécises, à cheval sur la Norvège, la Suède et la Finlande. Une vaste contrée semi-désertique, où toute action est étouffée par le silence de la neige. L’inspecteur Klemet Nango et sa coéquipière Nina, de la "Brigade légère" - à savoir la police des rennes - ont fort à faire pour régler les problèmes entre éleveurs, et les distances à couvrir dans la nuit et la neige ne leur facilitent pas la tâche. Lorsqu’un vieil explorateur français, compagnon de Paul-Emile Victor, lègue un tambour chaman au centre culturel lapon, c’est l’évènement dans la ville norvégienne de Kautokeino. Car il s'agit là du tout premier tambour sami à revenir en Laponie, après que les pasteurs scandinaves en aient brûlé la majorité au XVIIème siècle, et éparpillé le reste aux quatre coins du monde. Mais à peine arrivé, le tambour est volé, sans que personne n’ait pu le voir. Par-dessus vient se greffer le meurtre particulièrement sordide d’un éleveur, et la police des rennes va devoir mener l’enquête sur tous les fronts. Mais il y a des histoires et des secrets qui devraient rester enfouis. Quels mystères renferme le 72ème tambour, le seul que personne n’ait jamais vu ? Que racontent les joïks traditionnels de l’oncle Nils Ante, chanteur des légendes du temps perdu ? Et ce Français, qui aime tant les très jeunes filles, que vient-il donc chercher si loin de chez lui ? Au fur et à mesure de la lecture, toutes ces questions résonneront dans le ciel zébré d’aurores boréales et dans le cœur des habitants de Kautokeino, comme le fascinant personnage d'Aslak, qui vit encore à l’heure de ses ancêtres et selon leurs coutumes, loin de tout, seul avec sa femme qui ne parle qu’en criant. Sur fond de racisme et de lutte pour la survie de tout un peuple, Klemet et Nina mèneront une enquête incroyable dans un paysage à couper le souffle. Car n’oublions pas, aujourd’hui est un jour spécial ; aujourd’hui, pour la première fois depuis quarante jours, le soleil va se lever. Pendant 20 minutes, ces hommes et ces femmes auront de nouveau une ombre, avant de retomber dans l’obscurité... Ce livre est de ceux que l’on referme avec une petite pointe de regret dans le cœur, car oui, c’est la fin du voyage. Une fin terrible, qui vous donnera envie de sauter pieds nus dans la neige, d’écouter des chants traditionnels lapons, d’enfiler un pantalon en peau de renne et de vous élancer, tel un Vatanen à skis, au milieu d’une nature profonde et insondable. A lire et à relire autant de fois que nécessaire ; quand vous lèverez les yeux et que vous ne verrez plus que de grandes étendues blanches, c’est que vous serez en train de lire, pour de vrai.

merci à Marie Guillaud-Rollin pour sa contribution à notre blog

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