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Vive l'apocalypse

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

une moucheRessuscité ! On craignait beaucoup pour la postérité de Jacques Spitz, étrange auteur classé dans ce vaste rayon appelé la Science Fiction et passablement oublié du grand public malgré le louable et déjà ancien effort de Gérard Klein dans sa collection Ailleurs & demain chez Laffont des années 70. Spitz appartient à ce petit nombre d'auteurs négligés qui firent les grandes heures de la SF d'avant-guerre, héritiers et continuateurs de Jules Verne et Rosny aîné, mais victimes de la mainmise (et du snobisme) nord-américaine sur un genre en pleine expansion. Né en 1896, de formation scientifique (polytechnicien, s'il vous plait), il s'intéressa d'abord au surréalisme avec des premiers textes étranges pour bifurquer ensuite et pendant dix ans, de 1935 à 1945, vers l'anticipation la plus débridée et la plus pessimiste avant, curieusement, de renoncer et de renier toute sa production. C'est Ombres et sa petite bibliothèque qui a le premier entamé le travail de réhabilitation avec La guerre des mouches, incroyable roman qui voit l'humanité aux prises avec des insectes devenus des prédateurs impitoyables. Depuis la parution de L'oeil du purgatoire suite à sa sélection parmi les finalistes du Prix Nocturne, un mouvement semble se faire jour qui se concrétise aujourd'hui par la parution d'un gros volume chez Bragelonne  intitulé Joyeuses apocalypses. On passera sur l'épouvantable couverture qui fait penser à une boîte de maquette d'avion pour nous concentrer sur le contenu, très riche puisqu'en plus de la reprise de La guerre des mouches (rappelons-le toujours disponible au sein du merveilleux catalogue de la Petite Bibliothèque Ombres), on retrouve L'Homme élastique, délire scientifique sur la possibilité de dilater ou rétracter les atomes récupérée par les militaires dans le dessein qu'on imagine et un inédit, plaisir rare, intitulé La guerre mondiale n°3 qui, à chaud, imagine un nouveau conflit où les armes se font cosmiques et définitives. L'ensemble très copieux est suivi de six nouvelles découvertes dans le fonds de la Bibliothèque Nationale et qui ont toutes la particularité un rien inquiétantes de mettre en scène des fins du monde. On le voit, Jacques Spitz ne voyait pas d'un oeil très mouillé de compassion son prochain et ses écrits où le mordant et la satire ne sont jamais absents pour ne pas parler de son humour très noir en portent une trace définitive. Quand bien même on n'aurait pas un penchant prononcé pour la S.F., il serait dommage de passer à côté de cet auteur qui prouve avec éloquence que les français n'ont pas démérité dans le domaine de l'anticipation où leur cynisme mâtiné d'humour a produit de noires merveilles.

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