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Volia Volnaïa - Victor Remizov

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Une actualité de Rayon Littérature
Publié le 17/03/2018
Ce week-end se tient Livre Paris et cette année le salon du livre met la littérature russe à l'honneur. L'occasion de découvrir le premier roman de l'auteur contemporain Victor Remizov publié aux éditions Belfond.

Les populations du bourg de Rybatchi, isolées sur une presqu’île de la Russie extrême-orientale, vivent au rythme de la taïga. En août, dans la touffeur des forêts de mélèze, les hommes triment, harcelés par les moustiques, en quête des œufs que les saumons sont venus déposer à la source de la rivière Rybnaïa et dont le commerce leur permettra de subsister durant toute une année. L’hiver, les chasseurs aguerris s’y aventurent en compagnie de leurs chiens pour traquer la zibeline ou le caribou, profitant du manteau neigeux pour pister l’itinéraire de leurs proies. Entièrement livrés à eux-mêmes, ils s’enivrent d’un incomparable sentiment de liberté. Seuls éprouvent cette ivresse ceux qui parviennent à dompter la taïga, à surmonter la solitude et le dénuement, cette précarité de tous les instants à laquelle contraint l’existence au cœur de ces forêts sauvages. En russe, « Volia » signifie à la fois « liberté » et « volonté ».

Mais cette liberté comporte également un coût financier. 20%. C’est le tarif prélevé par la milice locale sur les bénéfices de la vente des œufs de saumon et autres produits de la taïga. Car en l’absence de licences « légales » d’exploitation, les habitants qui se livrent à ce genre de commerce demeurent des braconniers aux yeux de la loi. En tant que tels, il est dans les attributions de la milice de procéder à des saisies et des arrestations. Mais à une telle distance de Moscou, depuis toujours on s’arrange entre soi. 20%. Le commandant local est réputé être un homme raisonnable, il ferme les yeux sur ces pratiques, il touche sa part, un peu coupablement. Il touche sa part. Chacun paie son tribu, de plus ou moins bonne grâce. Certains tolèrent de moins en moins ce qu’ils considèrent comme une restriction de leur droit à l’autosuffisance. Quand Stepane Kobiakov, victime d’un contrôle abusif, brandit son arme contre la milice, l’équilibre du bourg, déjà traversé de tension, va voler en éclats. Les évènements ne tarderont pas à se précipiter, contraignant chacun à la prise de position, jusqu’à l’arrivée de l’OMON, la brutale unité d’intervention du ministère de l’intérieur russe.

Victor Remizov nous livre un récit truffé de scènes de chasse immersives dans les forêts de Sibérie, peuplé d’une bonne trentaine de personnages incarnant des destins divergents et souvent tragiques, avec en toile de fond la corruption rampante qui sévit en Russie de la capitale jusque dans les bourgades les plus reculées de ce pays/continent. Un beau roman sur la liberté, traversé par un souffle anarchiste revigorant.


Nicolas

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