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Votez Mirbeau !

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Une actualité de David V.
Publié le 24/08/2013

La grève des électeursOctave Mirbeau est un immense écrivain mais cherchez autour de vous des amateurs voire, mieux, des connaisseurs et vous constaterez que c'est mission impossible. On connaît plus ou moins Le journal d'une femme de chambre ou Le jardin des supplices et puis, ma foi, on passe à autre chose, persuadé que la fin XIX° est remplie d'écrivains comme lui... Eh bien non, Mirbeau est unique et quand on commence à s'y intéresser, on en devient aisément un défenseur voire un partisan. Ecrivain qui fit des romans, des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre, qui arpenta la presse de sa plume alerte et acérée, il a et c'est aussi ce qui le distingue de ses congénères en écriture une dimension politique formidable rappelée il y a quelques années sous forme de forts volumes par l'inlassable Pierre Michel qui fait tant pour la postérité et l'actualité du grand homme que cela force le respect (on s'en convaincra en visitant le site qu'il lui consacre : http://www.mirbeau.org/). Réfractaire à l'idéologie quand elle fait craindre pour le libre arbitre, libertaire à tout crin et individualiste convaincu (ce qui ne veut pas dire égoïste on l'aura deviné), Mirbeau a rejoint l'anarchisme à la fin du siècle, prolongement naturel de sa pente contestatrice qui en avait fait très tôt un athée porté avec délice sur l'anticléricalisme. C'est cet auteur-là que nous vous invitons aujourd'hui pour un prix dérisoire (quoique...) à découvrir puisque les éditions Allia, rois de la branchitude politique et amateurs de littérature acide, ont eu l'idée, après bien d'autres, de ressortir La grève des électeurs dans ce format qui est la terreur des libraires (et ne les enrichit guère) mais qui profite à ceux qui ne veulent jamais sortir sans quelque chose à lire dans la poche. C'est bien entendu un pied de nez à l'élection qui approche et qui s'annonce comme un grand cru de l'abstention. Mais combien n'iront pas voter qui ignorent que Mirbeau a trouvé il y a un siècle les arguments les plus vifs pour les conforter. Car l'Octave ne fait pas dans la demi mesure et sa détestation du personnel politique est d'une virulence terrible (une virulence qui chez des gens comme Allais, lui aussi profondément écoeuré par les meours de la III° République, passait par l'humour : salut Captain Cap!). Pour lui les électeurs sont des moutons, un vaste troupeau qui se laisse guider par des bergers sans scrupules, avides, bellicistes, des capitalistes qui ont inventé un système politique à même de servir leur faim insatiable : "plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois", et dans la bouche de Mirbeau ce vocable n'est pas un titre de gloire. Mais il n'est pas seulement en colère, car ce serait tuer toute chance d'être entendu, il est habile dans sa rhétorique parcourue d'ironie et cette façon de prendre à parti le "brave électeur" en le traitant d'"immortel abruti"l'oblige parce qu'il l'énerve à réfléchir un peu. Cécile Rivière qui augmente ce très petit livre d'une postface contemporaine a raison de souligner que plus aucun journal aujourd'hui, en ces temps ravageurs de politiquement correct, n'accepterait de publier ces lignes. Alors prenez trois euro dans le porte-monnaie du pain et faites-vous l'acquéreur de La grève des électeurs : un coup de pied au derrière de temps à autre ne peut faire que du bien...

Octave Mirbeau

 

 

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