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Vous les avez tous lus ?

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Une actualité de David V.
Publié le 09/05/2013

9782207260548.jpgCette question, celle qui revient sans cesse dans la bouche de ceux qui se retrouvent, médusés, face à des pièces remplies d'étagères elles mêmes surchargées de livres, Jacques Bonnet l'a entendue tout au long de sa vie de bibliomane non repenti. Elle sonne comme le rappel de l'étrangeté de son vice, cette tendance incoercible à accumuler des livres et à ne pas se décider à s'en débarrasser, certain que, quels qu'ils soient, ils ont leur raison d'être et que leur heure viendra. Dans un court livre qui ne prendra qu'une place minime dans votre rayon consacré à l'histoire du livre par exemple, il nous raconte, à coup d'anecdotes, de rencontres (et réapparaît, le temps de quelques pages, Pontiggia, ce magnifique auteur italien mort il y a peu et dont on découvre qu'il appartenait à "cette confrérie clandestine") de souvenirs et de citations, cette mystérieuse passion de posséder une bibliothèque et de la voir peu à peu envahir votre espace vital. Sans prétention et plein de cette conviction qui fait de ces collectionneurs hors norme des êtres à part et pourtant indécelables avant de pénétrer chez eux, Jacques Bonnet fait l'inventaire des différentes façons de classer, des formes que prend cette invasion lente, des figures qui ont élevé ce vice au rang d'un des beaux arts, des personnages qui deviennent les familiers de ceux qui les abritent, du bonheur de n'être jamais seul malgré la solitude. Son petit livre rassurera ceux qui se sentent gagner par cette manie dont les libraires se réjouissent et étourdira ceux qui se moquent de conserver autour d'eux la moindre trace d'une rencontre écrite : un petit bijou qui convoque des fantômes en nous invitant à penser aux nôtres, ces êtres de papier qui ont parfois plus d'épaisseur que les êtres réels ; la confession d'un bibliomane, c'est-à-dire d'un lecteur (à ne pas confondre donc avec un bibliophile qui en oublie souvent le contenu), au cœur d'une civilisation qui se virtualise, qui refuse le passéisme et la nostalgie pour nous rappeler que les écrits vieillissent mieux que ceux qui les écrivent ; un livre salutaire et enjoué qui confirme ce que l'on ne craignait plus de savoir : la fréquentation des fantômes est plus que profitable.

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