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Ce qu'il faut de terre à l'homme, de Martin Veyron

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Une actualité de Adeline
Publié le 20/04/2016
Martin Veyron éminent scénariste, dessinateur et coloriste, est le père de Bernard l'Ermite et de nombreux autres personnages au sein du célèbre "Pilote". Il fut en 2001 lauréat du Grand Prix du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. Cette année l'artiste signe avec Ce qu'il faut de terre à l'homme une fable d'une grande qualité librement inspirée par une nouvelle de Léon Tolstoi. La Russie des luttes sociales accueille ce conte au thème universel : la cupidité et l'ivresse de la soif de pouvoir. Nouvelle au twist final renversant Martin Veyron créer une œuvre vouée à rester dans les mémoires. Nous sommes témoins de l'évolution d'un moujik : Pacôme, "Pakhomm" dans l'œuvre de Tolstoï, qui vit paisiblement avec sa femme et son jeune garçon au sein d'une communauté au beau milieux de la Russie paysanne. Une vielle aristocrate mitoyenne de la communauté possède le plus grand des domaine, la belle et prospère Barynia. Un jour celle-ci met le riche domaine en vente. La pauvre campagne qui vivait de quelques chapardages sur la propriété doit maintenant l'autogérer après s'être tous rassemblés pour l'acquérir. Pour les amateurs de théâtre on peut y voir une suite imagée de la Cerisaie de Tchekov. A la suite de mésententes avec le reste du groupe qui ne sait comment administrer équitablement la production, notre Pacôme décide de racheter un grand lopin de terre grâce à l'argent de son riche beau-frère. Les jalousies s'immiscent dans le village et notre paysan se voit contraint d'agir de la même manière que l'ancienne aristocrate, à coups d'amendes ce qui le coupe progressivement de ses anciens amis. Il laisse enfin femme et enfant pour se lancer à la conquête d'une contrée encore plus riche dont on lui a conté les merveilles et qui le perdra. Le dessin de Martin Veyron, vif, précis, coloré et qui souvent se suffit à lui-même pour signifier plusieurs émotions montre par quelques pleines pages une Russie froide, typique et immense. Un paradis qui ne demande qu'à être exploité pensons nous, un paysage à protéger et à admirer nous répond la morale de cette histoire. Les cases ne sont pas encadrées et flottent sur la page blanche comme sortant d'un rêve ou d'un lointain conte. Des gouttes de peintures qui s'étalent sur la page pour révéler un message pur et profond. Une leçon d'une grande qualité qui mêle visions poétiques d'une Russie florissante et analyses des relations humaines. Presque philosophique l'épopée de cette course folle aux grandeurs nous parle à tous aujourd'hui avec crudité. Contentons nous de ce que nous avons, ne nous laissons pas aveugler par la soif du pouvoir et de la richesse nous cri la page finale. La lecture est radicale, nous sommes conquis. Une adaptation d'une rare qualité qui ne demande qu'à être méditée. Eloi Deschamps