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Charlotte de David Foenkinos

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Une actualité de Adeline
Publié le 26/05/2015
Fidèle lecteur toujours comblé des ouvrages lauréats du Prix Goncourt des Lycéens depuis quelques années, c’est avec beaucoup d’impatience que je parcours les premières lignes de Charlotte, écrit par David Foenkinos. L’impatience laisse bien vite place à la surprise : quel est donc cet auteur qui se permet de passer à la ligne à la fin de chaque phrase ? Voire même parfois à la fin de chaque mot ! Oui. Comme cela. Quel toupet, me dis-je, je vais avoir terminé ce livre bien vite…Non seulement ce ne fut pas le cas, mais j’ai rapidement compris tout le sens que cache ce choix de style : il confère à l’histoire un rythme soutenu, qui ne s’essouffle jamais, et idéal pour transmettre au lecteur toute la fascination de David Foenkinos pour Charlotte. Charlotte Salomon, cette artiste allemande au destin tragique. Tragique d’abord par son histoire : Charlotte n’était encore qu’une petite fille lorsque sa mère met fin à ses jours, suivant la triste voie de sa tante et de sa grand-mère avant elle. C’est une terrible malédiction familiale qui pèsera inconsciemment sur la jeune fille durant toute sa vie. Tragique ensuite car cette artiste qui montre des signes de génie dès son adolescence, grandit dans une famille juive à l’heure où la folie nazie se répand en Europe. D’abord sans grande conséquence pour la vie de Charlotte, celle-ci assiste, impuissante et troublée, à la montée de la haine nazie de plus en plus violente tout autour d’elle, mais parvient tout de même à rentrer à l’Académie des Beaux-Arts de Berlin, avec l’appui d’un professeur intrigué par son style. Elle y développe ses dons pour la peinture, mais se retrouve de plus en plus à l’écart de la société : le symbole le plus frappant étant certainement ce prix qu’elle remporte à l’Académie mais ne peut officiellement le recevoir à cause de ses origines. Contrainte de fuir l’Allemagne pour se réfugier dans une France bientôt aux mains des allemands, Charlotte sombre dans une profonde dépression et meurt à vingt-six ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz. D’abord surpris par la forme du roman, j’ai rapidement été conquis par l’histoire de cette vie chargée d’épreuves d’une artiste dont je ne soupçonnais pas l’existence. Ce livre est rempli de tristesse, de drames et de mélancolie, mais surtout d’amour, de passion et malgré tout de vie. Plongés dans cette période sombre de l’Histoire, l’auteur a souhaité nous montrer tout le talent et la simplicité de Charlotte, qui témoigne que même dans la folie d’une famille et celle de tout un pays, le génie trouve tout son sens, et doit s’exprimer pour être un témoin son époque. Je remercie David Foenkinos d’avoir partagé la triste histoire de Charlotte Salomon, lui rendant ainsi un hommage à son image : mélancolique, simple mais avant tout passionné. Benjamin GILLES