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Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

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Une actualité de Adeline
Publié le 04/06/2014
Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson est un récit sous forme de carnet de voyage qui recueille les pensées, les expériences et les sensations d’un néo-ermite. Durant six mois, de Février à Juillet, il vit reclus du monde dans une cabane en bois aux milieux des forêts sur les rives du lac Baïkal en Russie orientale sans eau courante ni électricité. Cet exil temporaire, il l’a choisi après une vie de voyages et d’exploration. Parti avec le strict nécessaire pour survivre seul, il doit apprendre à vivre au rythme du temps extérieur, des intempéries et des saisons. Ce nomade de la première heure n’est ni un négateur du progrès, ni un illuminé  à la recherche d’une vérité prétendument universelle. Il décrit, parfois avec ironie, notre société mondialisée et incite à replacer l’homme au centre de la nature. Son havre le préserve des dangers extérieurs : dangers naturels comme culturels. Il s’agit là d’une échappatoire au monde sédentarisé,  partisan de la surconsommation et de la négation de la solidarité. S. Tesson n’est empreint ni de prosélytisme ni de fantasmes, mais rappelle à raison le passé commun des hommes et leur symbiose avec l’environnement. Ses réflexions, souvent dans le prolongement des séances de pêche méditatives ou des maigres, mais riches échanges avec les quelques autochtones rencontrés, mélangées aux effluves de vodka et de cendres émanant du poêle, nous immergent dans un univers qui semble être celui auquel on aspire sans jamais pouvoir véritablement le définir. L’étrange sentiment de bien-être et d’une douce torpeur nous surprend comme si nous étions près de l’âtre en sa compagnie. « Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence ». La définition semble la plus éloignée de celle dictée par la société occidentale, mais pourtant sans être la plus juste, elle est celle, qui, lorsqu’elle est appliquée, n’est jamais contestée. Cette œuvre trouvera son écho chez les lecteurs qui n’ont pas peur de confronter leur philosophie à celle d’autrui, qui trouveront ici un véritable exhausteur de réflexions et une invitation à  la découverte du monde. Auteur et lecteurs en arrivent à une conclusion commune: il aurait fallu prolonger cette parenthèse de quelques mois. Rémy BERAUD