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L’ombre du vent de Carlos Luis Zafon

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Une actualité de Adeline
Publié le 26/05/2015
Barcelone, 1945. Daniel Sempere vit seul avec son père, qu’il assiste dans son travail de libraire. Tout comme son père, Daniel est un amoureux des livres. Un matin, le libraire emmène son fils dans un endroit mystérieux, poussiéreux, mais magique, le Cimetière des Livres Oubliés. Bibliothèque ou véritable sanctuaire, ce lieu secret cherche à rassembler toutes les œuvres littéraires perdues, oubliées par le temps, pour que leurs âmes continuent de vivre. La coutume veut que chaque première visite de ce lieu s’accompagne d’un serment à faire : choisir un livre, pour le sortir de l’oubli. Daniel, après avoir déambulé dans ce cimetière, tombe sur L’Ombre du Vent, un roman de Julian Carax, qu’il adopte sans hésiter. Aussitôt rentré, le jeune Daniel se plonge dans la lecture de ce roman et n’en sort qu’une fois celui-ci terminé. C’est une révélation pour Daniel. Il se met alors en tête de lire chacun des romans de Carax, qu’il imagine être un auteur renommé. Mais seul un ami libraire de son père a déjà entendu parler de ce Carax ; Daniel apprend alors que le livre découvert dans le Cimetière des Livres Oubliés en est l’unique exemplaire, les autres ayant tous été brûlés. Il décide alors d’en savoir plus sur Carax, ces œuvres et son destin. De rencontres en rencontres, Daniel découvre petit à petit l’histoire de ce Carax, écrivain maudit. Mais plus il en découvre, moins il semble en savoir. Les récits se complètent tout comme ils se contredisent. Sa vie semble n’avoir été qu’une tragédie tumultueuse, tant la trahison, l’amour, la peur et l’échec le frappent. Parallèlement à ses recherches, Daniel doit faire face à sa vie d’adolescent, avec les désillusions et les déboires qui l’accompagnent. Sa vie se met à ressembler à celle de Carax et le passé de ce dernier se confond désormais avec le présent de Daniel. Le génie de ce roman réside dans sa structure. L’histoire avance au fil des rencontres de Daniel avec des personnages liés de quelques manières à Carax. Les histoires de chacun s’entremêlent, les récits nous font voyager dans le temps ainsi que dans l’espace, dissipant une à une les zones d’ombres planant sur l’écrivain. On y découvre également une Barcelone à l’histoire tourmentée par le franquisme, une Barcelone aux multiples visages. La comparaison de L’Ombre du Vent de Carax avec des poupées russes s’applique à merveille à L’Ombre du Vent de Zafon. Véritable labyrinthe entre les récits de chacun, rappelant le Cimetière des Livres Oubliés, la structure permet à Zafon de mélanger avec réussite fantastique, amour, histoire, aventure et violence, et de préserver jusqu’au bout un suspens entier sur Carax. Nous plongeant tour à tour dans la vie de Daniel et dans celle de Carax, dans un univers mêlant, à travers l’œuvre d’un écrivain maudit, amour, trahison, amitié, haine, nostalgie et tant d’autres sentiments antagonistes, ce roman m’a captivé comme l’avait aussi été Daniel par L’Ombre du Vent de Carax. Louis MONTAUBIN