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Le joueur d’échecs de Stefan Zweig

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Une actualité de Adeline
Publié le 26/05/2015
Cette nouvelle écrite par l’Autrichien Stefan Zweig en 1941 lors des 4 derniers mois précédant son suicide au Brésil montre entre autre un aspect moins connue de la torture nazie, la torture psychologique, et son point de vue sur la seconde guerre mondiale à travers le récit. Cependant l’histoire n’est pas l’histoire de la guerre mondiale. Tout débute sur un paquebot entre New York et Buenos Aires, dans la peau du narrateur, on va apprendre la vie de deux protagonistes que tout oppose mais ayant tous deux des capacités hors normes pour les échecs. Le premier, élevé par un curé où son génie pour les échecs a été remarqué par hasard et bien entretenu jusqu’à son titre actuel de champion du monde. Le deuxième, persécuté par son statut lors de la seconde guerre mondiale, fut arrêté par la Gestapo en Autriche et isolé, confiné dans une chambre sans montre, calendrier ou divertissement afin de le fragiliser mentalement pour des interrogatoires. Lors de ses rares sorties pour se faire interroger, il réussit à voler un livre, sur les techniques des échecs. Après avoir appris toutes les techniques, il commence un terrible jeu: jouer contre lui-même ce qui va l'entraîner dans la folie schizophrène. Et lorsque 21 ans plus tard il se retrouve dans le même bateau que le meilleur joueur mondial, la confrontation est tentante même si la méfiance règne pour préserver sa santé mentale. La structure particulière de la nouvelle, qui introduit d'abord la narration principale avec le décor de base, puis la narration de la vie d’un personnage, retour à la narration principale, la narration du deuxième personnage, retour au présent; c’est comme si on nous donnait les éléments pour comprendre ce qu’il se passe au compte-goutte. Stefan Zweig garde le suspens car le lecteur ne fait pas la relation directe entre les différentes histoires. De là, on ne veut pas arrêter d’avancer, comprendre et avoir toutes les clés en main. On crée des hypothèses au fur et à mesure, on s’émeut, on plaint, on s’inquiète, on devine l’impuissance et la frustration et lorsqu’on comprend enfin l’entière situation, on a envie d’intervenir dans cette histoire en voulant dire « Attendez, arrêtez tout, écoutez-moi, on m’a tout raconté ». Stefan Zweig retranscrit une époque fragile et douloureuse, à travers la psychologie des personnages. Des questions surviennent sur divers domaines à la lecture: la logique versus l’intelligence, les limites de contrôle sur le cerveau humain ainsi que sa fragilité comme son efficacité. Pour finir, voici une citation du livre sur laquelle il est probable que vous restiez quelques minutes sur la ligne afin d’en comprendre le sens dans le contexte: « Plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l’infini ». Maelys LAFON